A Darker Shade of Magic de V. E. Schwab - Chronique n°392

Titre : A Darker Shade of Magic (Shades of Magic #1)
Auteure : V. E. Schwab
Genre : Fantasy
Editions : Tor Books
Lu en : anglais
Nombre de pages : 400
Résumé : Kell is one of the last Antari—magicians with a rare, coveted ability to travel between parallel Londons; Red, Grey, White, and, once upon a time, Black. 

Kell was raised in Arnes—Red London—and officially serves the Maresh Empire as an ambassador, traveling between the frequent bloody regime changes in White London and the court of George III in the dullest of Londons, the one without any magic left to see.

Unofficially, Kell is a smuggler, servicing people willing to pay for even the smallest glimpses of a world they'll never see. It's a defiant hobby with dangerous consequences, which Kell is now seeing firsthand.

After an exchange goes awry, Kell escapes to Grey London and runs into Delilah Bard, a cut-purse with lofty aspirations. She first robs him, then saves him from a deadly enemy, and finally forces Kell to spirit her to another world for a proper adventure.

Now perilous magic is afoot, and treachery lurks at every turn. To save all of the worlds, they'll first need to stay alive.

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Existe également en français


Titre : Shades of Magic
Editions : Lumen 
Résumé : Kell est le dernier des Visiteurs, des magiciens capables de voyager d’un monde à l’autre. Des mondes, il y en a quatre, dont Londres est le centre à chaque fois. Le nôtre est gris, sans magie d’aucune sorte. Celui de Kell, rouge, et on y respire le merveilleux avec chaque bouffée d’air. Le troisième est blanc : les sortilèges s’y font si rares qu’on s’y coupe la gorge pour voler la moindre incantation. Le dernier est noir, noir comme la mort qui s’y est répandue quand la magie a dévoré tout ce qui s’y trouvait, obligeant les trois autres à couper tout lien avec lui.
Depuis cette contagion, il est interdit de transporter un objet d’un monde à l’autre. C’est pourtant ce que va faire Kell... quitte à prendre des risques menaçant la survie même de l'équilibre précaire entre les différentes versions de Londres. 

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How come I have not read this book earlier? 
How can I have been blind enough to ignore this incredible piece of wonder and magic?

When you first take a peek at it, A Darker Shade of Magic does not look so different from all of the classic fantasy novel filled with tropes and attempts to be unpredictable. But a few pages into it are enough to prove this first impression wrong. 

A Darker Shade of Magic has a lot of strengths, but the most striking of them are without a doubt its universe, its characters and its writing. 

First, the reader is amazed by the universe, which is actually a multiverse, as the author slowly reveals its rules and its general atmosphere at just the right pace. One can not but be taken by the very specific "vibe" of this intricate cities, which are at the same time utterly different but also tied by the same force, the same entity: magic.

Magic is also a highly fascinating feature of the book: it is actually a being, a will, something that might evolve, fade away or grow deadly - just as it did in Black London. 

Another asset of the novel, and maybe the most important one, relies on the main protagonists, Kell and Lila, with their gripping, endearing personalities, their witty dialogues and their complex relationship. It's simple: one can not but feel for this unlikely duo. All along the story, they embody the conflicts of the whole universe, reveal cleverly what is at stake, and prove themselves more and more sympathetic. 

And finally, the last but not least element that keeps the reader going is the incredibly efficient writing of V. E. Schwab, an author who masters the too rare skill of showing and not telling. Too many writers, especially fantasy writers, have to explain their stories and issues in an explicit way, while in this book, all of the keys of the plot are present, but not given all at once to the reader, who has to play its own role of comprehension and interrogation. The writing style is clear, concise and precise, with a large range of vocabulary that always succeeds describing perfectly the right feeling, the right atmosphere or the right gesture. Flipping through the pages of this novel is properly delighting, until a well-thought ending that leaves the reader with only a few words in mind: "give me the sequel of this thing".

Don't hesitate anymore: this book is made for you, whether you are more of an adult fantasy fan or a YA one, or even not a fantasy fan at all. A Darker Shade of Magic is an excellent and well-designed tale, full of interesting questions, and introducing absolutely adorable characters. 

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Quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi diable je n'ai pas lu ce roman plus tôt ? 
Comment j'ai pu être aveugle au point de passer si longtemps à côté de ce petit bijou ? 

A première vue, A Darker Shade of Magic a plutôt l'air de ressembler à n'importe quel autre roman de fantasy typique, plein de lieux communs, de retournements de situation forcés et autres tentatives de se rendre surprenant. Mais loin s'en faut. Et il suffit d'en lire quelques pages à peine pour s'en rendre compte. 

Ce roman dispose de points forts considérables, parmi lesquels trois majeurs : son univers, ses personnages et son écriture. 

Ainsi, la plongée dans l'univers créé par V. E. Schwab est un véritable délice, d'autant plus qu'il ne nous est pas projeté brutalement dans la figure tout d'un coup, mais révélé petit à petit, avec des informations distillées au compte-goutte. On est très vite fasciné par cet univers - ou plutôt ces univers -, au fur et à mesure que l'on en découvre les aspérités et les failles, aussi bien que les richesses et les promesses. La magie y est prégnante, un véritable personnage à part entière qui habite différemment chaque version de Londres, tour à tour absente, bienveillante, cajoleuse, dangereuse ou mortelle, selon l'atmosphère de la ville en question. Elle peut grandir, se nourrir de l'atmosphère d'une ville, mais aussi s'étioler, ou encore avoir raison de toute âme qui se risque à la pervertir.
L'idée de base de ces villes inextricablement liées mais pour autant radicalement différentes les unes des autres est exploitée d'une façon réellement satisfaisante, et qui le sera à n'en pas douter encore plus par la suite. 

Les personnages ensuite, et notamment les deux protagonistes, sont une autre qualité majeure de l'ouvrage. On ne peut en effet que s'attacher au duo improbable formé par Kell, magicien aux dons surpuissants et convoités qui s'adonne au trafic d'objets entre les dimensions pour tromper son ennui, et Lila, jeune fille sans foi ni loi qui n'a de loyauté que pour elle-même, et exerce ses talents de voleuse dans le Londres gris, celui dénué de toute magie. Leur alchimie est évidente, leurs dialogues vifs et enlevés, leur comportement crédible et révélateur des enjeux du récit, et les suivre d'un bout à l'autre du roman est un plaisir constant. 

La dernière force du récit enfin est l'écriture incroyablement efficace de V. E. Schwab, qui maîtrise l'art malheureusement trop rare de montrer sans avoir à expliquer. Sa plume est concise, efficace, directe, et évite toute forme de redondance ou de lourdeur. Bien au contraire, c'est tout en subtilité qu'elle suggère des atmosphères, des sous-entendus, des ressentis au lecteur qui se fait par là même acteur de sa propre découverte du récit. On ne peut qu'être satisfait par la richesse du vocabulaire déployé, la pertinence des formules auxquelles l'auteure a recours, et le sentiment général d'aboutissement qui se dégage d'une histoire certes "classique" dans le sens où elle suit une structure narrative connue, et pourtant débordante de surprises et de belles intuitions. 

N'attendez donc plus pour vous jeter sur le commencement de cette trilogie prometteuse, mature et originale, dont la qualité du sens du récit, de l'immersion et de la description ne pourra que ravir vos sens et votre esprit ! 

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