La Papeterie Tsubaki d'Ogawa Ito - Chronique n°489
Titre : La Papeterie Tsubaki
Autrice : Ogawa Ito
Traduit par : Myriam Dartois-Ako
Traduit par : Myriam Dartois-Ako
Genre : Contemporain
Editions : Philippe Picquier
Editions : Philippe Picquier
Date de parution : 2019
Lu en : français
Résumé : Hatoko a vingt-cinq ans et la voici de retour à Kamakura, dans la petite papeterie que lui a léguée sa grand-mère. Le moment est venu pour elle de faire ses premiers pas comme écrivain public, car cette grand-mère, une femme exigeante et sévère, lui a enseigné l'art difficile d'écrire pour les autres.
Le choix des mots, mais aussi la calligraphie, le papier, l'encre, l'enveloppe, le timbre, tout est important dans une lettre. Hatoko répond aux souhaits même les plus surprenants de ceux qui viennent la voir : elle calligraphie des cartes de vœux, rédige un mot de condoléances pour le décès d'un singe, des lettres d'adieu aussi bien que d'amour. A toutes les exigences elle se plie avec bonheur, pour résoudre un conflit, apaiser un chagrin.
Et c'est ainsi que, grâce à son talent, la papeterie Tsubaki devient bientôt un lieu de partage avec les autres et le théâtre de réconciliations inattendues.
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C'est un roman dans lequel on plonge sans bruit, discrètement, page par page.
On y rencontre Hatoko (surnommée Poppo), vingt-cinq ans, plus vraiment de famille, ni d'amis, à vrai dire. Il y a bien une ou deux voisines, quelques silhouettes connues, mais la plupart du temps, il n'y a qu'elle dans sa maison.
Elle n'est pas seule pour le moins du monde, cela dit.
Au contraire. Elle a pour elle plus qu'un métier : une vocation, un sacerdoce.
Poppo est écrivaine publique.
C'est sa grand-mère qui lui appris le métier et passé le flambeau. Poppo lui doit tout, ses habitudes, ses valeurs, ses frustrations aussi.
A la demande de ses clients, elle rédige des faire-part de mariage, des lettres d'amour ou de rupture, toutes sortes de missives que leurs expéditeurs n'ont pas su formuler ou n'ont pas la force d'écrire eux-mêmes. Elle y diffuse tout son savoir-faire et sa sensibilité, son perfectionnisme infini, et choisit avec attention aussi bien le type de papier qu'elle utilisera que l'écriture, le style, la police, le poids de l'enveloppe, bref, tout compte, et chaque texte pour laquelle on la sollicite suit un processus de création entièrement ritualisé.
Le lecteur la suit tout au long d'une année, laissant cette héroïne discrète et absorbée se dévoiler petit à petit à lui, à travers ses habitudes saisonnales, son travail, ses quelques rencontres. Il suffit de quelques pages à peine pour s'attacher à cette jeune femme un peu taiseuse, définitivement insaisissable, mais dont le dévouement et la tendresse frappent à chaque instant.
Je n'ai lu que très peu de romans japonais (deux en comptant celui-ci, c'est dire), mais j'y ai trouvé dans les deux cas une caractéristique assez marquante et ô combien plaisante : une capacité à créer une certaine atmosphère à la fois très mélancolique et apaisée, une espèce de torpeur méditative qui permet une grande lucidité à la fois sur les aspects les plus douloureux et les plus lumineux de l'existence. Une forme de sagesse, d'humilité, bref, tout ce que l'on associe de façon assez systématique à la culture japonaise, et qui prend véritablement sens dans des textes littéraires.
La Papeterie Tsubaki est un roman que l'on lit d'une traite, plongé dans son ambiance indéfinissable, attentif aux images que l'autrice y insère, et surtout impressionné par l'amour du détail, du travail bien fait, des petites intentions, de la délicatesse, des symboles emplis de sens que l'on retrouve transcrit à chaque pages à travers les gestes de Poppo.
On referme en tête l'ouvrage avec en tête des mots tels que "raffinement", "élégance", "délicatesse". La Papeterie Tsubaki n'est pas un roman de fracas ou de coups de tonnerre, au contraire, il montre combien les petits événements apparemment anodins du quotidien peuvent revêtir une puissance évocatrice inouïe, combien la routine peut être une expérience infiniment intense, combien les mots et les lettres peuvent enchanter, changer ou briser une vie. Un magnifique hommage à la littérature, à l'échange, une histoire qui impose une forme tendre et douce de respect.
On y rencontre Hatoko (surnommée Poppo), vingt-cinq ans, plus vraiment de famille, ni d'amis, à vrai dire. Il y a bien une ou deux voisines, quelques silhouettes connues, mais la plupart du temps, il n'y a qu'elle dans sa maison.
Elle n'est pas seule pour le moins du monde, cela dit.
Au contraire. Elle a pour elle plus qu'un métier : une vocation, un sacerdoce.
Poppo est écrivaine publique.
C'est sa grand-mère qui lui appris le métier et passé le flambeau. Poppo lui doit tout, ses habitudes, ses valeurs, ses frustrations aussi.
A la demande de ses clients, elle rédige des faire-part de mariage, des lettres d'amour ou de rupture, toutes sortes de missives que leurs expéditeurs n'ont pas su formuler ou n'ont pas la force d'écrire eux-mêmes. Elle y diffuse tout son savoir-faire et sa sensibilité, son perfectionnisme infini, et choisit avec attention aussi bien le type de papier qu'elle utilisera que l'écriture, le style, la police, le poids de l'enveloppe, bref, tout compte, et chaque texte pour laquelle on la sollicite suit un processus de création entièrement ritualisé.
Le lecteur la suit tout au long d'une année, laissant cette héroïne discrète et absorbée se dévoiler petit à petit à lui, à travers ses habitudes saisonnales, son travail, ses quelques rencontres. Il suffit de quelques pages à peine pour s'attacher à cette jeune femme un peu taiseuse, définitivement insaisissable, mais dont le dévouement et la tendresse frappent à chaque instant.
Je n'ai lu que très peu de romans japonais (deux en comptant celui-ci, c'est dire), mais j'y ai trouvé dans les deux cas une caractéristique assez marquante et ô combien plaisante : une capacité à créer une certaine atmosphère à la fois très mélancolique et apaisée, une espèce de torpeur méditative qui permet une grande lucidité à la fois sur les aspects les plus douloureux et les plus lumineux de l'existence. Une forme de sagesse, d'humilité, bref, tout ce que l'on associe de façon assez systématique à la culture japonaise, et qui prend véritablement sens dans des textes littéraires.
La Papeterie Tsubaki est un roman que l'on lit d'une traite, plongé dans son ambiance indéfinissable, attentif aux images que l'autrice y insère, et surtout impressionné par l'amour du détail, du travail bien fait, des petites intentions, de la délicatesse, des symboles emplis de sens que l'on retrouve transcrit à chaque pages à travers les gestes de Poppo.
On referme en tête l'ouvrage avec en tête des mots tels que "raffinement", "élégance", "délicatesse". La Papeterie Tsubaki n'est pas un roman de fracas ou de coups de tonnerre, au contraire, il montre combien les petits événements apparemment anodins du quotidien peuvent revêtir une puissance évocatrice inouïe, combien la routine peut être une expérience infiniment intense, combien les mots et les lettres peuvent enchanter, changer ou briser une vie. Un magnifique hommage à la littérature, à l'échange, une histoire qui impose une forme tendre et douce de respect.
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