The Remains of the Day de Kazuo Ishiguro - Chronique n°384

Titre : The Remains of the Day
Auteur : Kazuo Ishiguro
Genre : Contemporain 
Editions : Faber&Faber
Lu en : anglais
Nombre de pages : 258
Résumé : In the summer of 1956, Stevens, a long-serving butler at DarlingTton Hall, decides to take a motoring trip through the West Country. The six-day excursion becomes a journey into the past of Stevens and England, a past that takes in fascism, two world wars, and an unrealised love between the butler and his housekeeper.

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Existe également en français

Titre : Les Vestiges du Jour
Editions : Folio
Résumé :  Stevens a passé sa vie à servir les autres, majordome pendant l'entre-deux-guerres de l'influent Lord Darlington, puis d'un riche Américain. Les temps ont changé et il n'est plus certain de satisfaire son employeur. Jusqu'à ce qu'il parte en voyage vers Miss Kenton, l'ancienne gouvernante qu'il aurait pu aimer, et songe face à la campagne anglaise au sens de sa loyauté et de ses choix passés...

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This is a very peculiar book. 

You shouldn't expect any exciting plot, or even of any kind of action when reading it. 
But does that make of The Remains of the Day an uninteresting or dull story ? 

Not at all. 
Not even the slightest bit. 

It is striking how Ishiguro succeeds embodying his character. Not at any point is the reader capable of figuring out that the writer is not this narrator, an aging British butler, who is spending a week of leisure as his employer suggested him to do. 

Samuels feels at a lost. 
He doesn't understand the world surrounding him anymore. 
He has been living according to his eternal principles for as long as he can remember. 
He can't quite understand why things should change. 
But they change, and he doesn't. He still clings on the same old habits, on the way things should be. 
And maybe it is already too late for him.

He does not mean any harm. On the contrary, he wants to please his employers, his colleagues,  and even society generally speaking, but because of that obsession of "doing well", "behaving" and preserving a sense of "dignity", he became blind to the reality of his world, to other people's expectations, and probably made much more mistakes that he would have if only he had been more honest with himself, more open, more aware. 

This book is about nostalgia, denial, frustration, but also about our universal goodwill, and our inevitable tendency to be misled and to ignore what's essential. It is not a depressing or a boring story, not at all, although this tale forwards and backwards in time might be quite dense. You should savor and digest this book slowly, step by step, letting each and every episode of Stevens' life print its mark on you, as this story is made of multiple layers of implications and hidden meanings. 

This is a highly disturbing, philosophical and thoughtful tale that will inevitably bring you to question your own existence, your own path, your own priorities. Written in an incredibly sensitive and moving way, its main character will both make you feel sad and emphatic, far way from him and close to him in the same time. We will never be confronted to the same issues as this butler, but we will for sure have to face the same questions about our priorities in life, about integrity, about understanding others and adapting yourself. 

Stevens made mistakes. 
But what about you ? 
Which one can you avoid ? 
What do you want to remain of you, at the end of the day ? 

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Attention, livre particulier. 

Avant tout, ne vous attendez pas à la moindre action.
Ca, c'est dit. 


The Remains of the Day, ou Les Vestiges du Jour en français, raconte certes une semaine de vacances d'un majordome anglais âgé, mais se concentre bien plus sur les pensées - voire les obsessions - de ce dernier que sur ses péripéties au demeurant inexistantes.
Contemplation, introspection et nostalgie sont au programme. 


Alors non, dit comme cela, on n'a pas vraiment envie de se plonger dans ce roman. Et pourtant. 

De la toute première à la toute dernière page, Kazuo Ishiguro réussit l'exploit de devenir ce majordome engoncé dans ses principes, maniéré, attaché férocement au monde tel qu'il l'a toujours connu, aux bonnes moeurs, aux usages, à l'ordre des choses. Mais attention, Samuels n'est en aucun cas un réactionnaire, simplement un être ballotté par les bouleversements de l'histoire, remis en question dans ses croyances les plus fondamentales, incapable de changer, alors qu'il ne reconnaît déjà plus grand-chose autour de lui. 

On entend donc la voix de ce personnage atypique avec un réalisme peu commun, on a l'impression de connaître ce petit homme pétri de conventions et de bonnes intentions. 

Car c'est peut-être cela, le pire. 
Samuels n'a jamais aspiré à blesser qui que ce soit. 
Au contraire. 

C'est pour le lecteur la lente prise de conscience de ce que Samuels ne s'avouera jamais : le majordome s'abuse, se perd, perd du temps, si ce n'est déjà trop tard. A vivre dans le regret du temps passé, il s'est interdit les bonheurs les plus simples et les plus essentiels. A trop fermer les yeux sur des situations dérangeantes au nom de principes soi-disant d'autorité, il a laissé l'irréparable s'accomplir. 


Et ainsi, au long de ces presque 300 pages d'introspection avortée et d'errances mélancoliques, le lecteur ne peut qu'être frappé par la puissance des non-dits du monologue intérieur de Samuels, de sa douleur sous-jacente, du sentiment qu'il a d'être perdu dans une masse inconnue, étranger à tous et surtout à lui-même. 
Les chapitres coulent d'eux-mêmes, se déroulent avec une grande fluidité au fil des allers et retours de Samuels dans le temps, sans jamais créer la moindre lassitude du lecteur. The Remains of the Day est cependant un livre qui se savoure, qui se digère, qui est sans doute mieux apprécié si on le découvre par petits bouts, afin de laisser à chaque épisode le temps de marquer son esprit, d'imposer sa conclusion. Ce roman est exigeant et n'offre aucune réponse claire et nette : il est fait de sous-entendus, de couches de vérités inextricables, de secrets enfouis et de frustrations. Le lecteur se fait acteur, penseur, analyste, dans un travail exigeant mais profondément enrichissant. 

Pour autant, se sent-on abattu ou déprimé une fois ce texte achevé ? 
Absolument pas. 
Pensif, certes. Absorbé, ému, touché et sans aucun doute quelque peu dérangé, touché là où ça fait effet. 
La vie de Samuels, c'est une chose. 
Mais il y a aussi celle de celui qui lit Les Vestiges du Jour. Celle de ses proches. 

Que n'a-t-il pas envie de regretter ? 
Que doit-il sauver ?
Quand et sur quoi doit-il ouvrir les yeux ? 

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