The Shining de Stephen King - Chronique n°432

Titre : The Shining
Auteur : Stephen King
Editions : New English Library
Genre : Horreur | Paranormal
Lu en : anglais
Nombre de pages : 447
Résumé : 
Jack Torrance's new job at the Overlook Hotel is the perfect chance for a fresh start. As the off-season caretaker at the atmospheric old hotel, he'll have plenty of time to spend reconnecting with his family and working on his writing. But as the harsh winter weather sets in, the idyllic location feels ever more remote...and more sinister. And the only one to notice the strange and terrible forces gathering around the Overlook is Danny Torrance, a uniquely gifted five-year-old.

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Existe également en français

Titre : Shining
Editions : Le Livre de Poche
Résumé : Quand on propose à Jack Torrance, ancien professeur et ancien alcoolique, un poste de gardien pour l'hiver à l'hôtel Overlook dans les montagnes du Colorado, il croit tenir là une chance de se racheter aux yeux de sa famille.

Il s'y installe avec Wendy, sa femme, et leur fils Danny, en espérant profiter de cette occasion pour écrire la pièce de théâtre qui le révélera au monde.Mais les démons de l'hôtel trouvent en Jack une proie presque trop facile pour poursuivre leur œuvre de mal, et il faudra le courage et le sixième sens étrange de son fils pour sauver in extremis ce qui pourra l'être. 

Car Danny possède ce don de lumière de même que l'ancien cuisinier de l'hôtel, Dick Hallorann, et la conjugaison des deux fera reculer les forces du mal. Pendant un certain temps...

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Well, this was a book of a kind. 

I had never read anything by Stephen King before, and when I asked around me which novel of his I should start with, I was told The Shining was the best choice. 
And so I read this creepy novel, in the most inappropriate setting I could choose - a hot, luminous, joyful summer. 
And I loved it. 

Stephen King is definitely a master at creating high stakes and gripping suspense. (Well, that wasn't a revelation for any of you, but it needed to be said. Now that I did, let's jump into what I actually felt discovering The Shining

First: that's what I call a good slow-burn story. Too often, self-proclaimed "so-long-but-so-deep" novels only manage to create a deep boredom, whereas here, the long exposition really manages to build an unbearable tension. There are of course multiple "set-up / pay-off" situations, always disturbing enough to awake the reader's curiosity, but also discreet enough not to become too obvious and cheap. You can distinguish abnormal elements and situations, you can tell something isn't right, and you can even feel that things are about to turn real bad, but you just cannot yet tell how. King manages to keep you in that deep state of discomfort, while presenting a setting you keep being fascinated by although there's no valid reason to it. 
Of course the story has a cliched side, with that whole "light against darkness" thing, but King keeps the whole intrigue so intriguing and filled with such an undertone violence that the reader cannot but go with it.

That whole "preparation" part is actually maybe the one I enjoyed the most - the last third, the action-packed one, is of course truly satisfying and gives you all the feels, but it lacks the "subtlety" of the rest of the novel. 

Now, the big question. Did The Shining effect work on me? 

Well, the first thing you should know is that when it comes to fiction, I am really hard to move. I almost never get submerged by tears, laughter or fear because of a novel, or a movie for that matter, and logically, I was not terribly frightened by The Shining, nor did I jump or shiver or anything - neither did I while I was watching the movie adaptation by Kubrick shortly after, although that scene inside the room 237 was indeed quite creepy - , but I nonetheless really appreciated the horror mechanisms King puts in place, and I have no doubt it might work better for other readers. 

For all these reasons and maybe some other unconscious ones, The Shining was a tremendous reading: it's well thought, especially concerning its characters - King's argument about alcoholism and family dismantlement was quite convincing - it's impossible to put down, terribly efficient at what it does, it has the perfect balance of subtlety and absolutely-not-subtle-gory-stuff, in a few words, it's a delight. 

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C'était un sacré roman. 

Lorsque j'ai demandé autour de moi quel roman de Stephen King il valait mieux que je choisisse pour me plonger pour la première fois dans son oeuvre, la réponse a été quasi-unanime : ce serait Shining. 
Que savais-je de Shining ? Pas grand-chose. Ce mot m'évoquait en gros deux petites jumelles immobiles et crispantes au plus haut point, une machine à écrire, un homme pas tout à fait sain d'esprit, et beaucoup de hurlements stridents. 

Intriguant. 
C'était donc parti pour cette histoire d'hiver dévastateur, d'isolement absolu et de folie furieuse, alors que j'étais moi-même allongée au bord d'une piscine par un été lumineux et caniculaire. 
De l'art d'avoir le sens du contexte, par Capucine D. 

Shining est un roman qui prend son temps, un slow-burn book comme disent nos amis anglo-saxons. Les premières dizaines de pages ne font que nous présenter une famille comme une autre, un peu plus ébréchée que la moyenne peut-être, mais après tout, qui n'a pas ses failles ? Jack, Wendy, Danny. Le père, la mère, le fils. L'ancien alcoolique en mal de succès littéraire, la mère dévouée mais effacée, le petit garçon de cinq ans plus proche de son ami imaginaire que de que ce soit d'autre, et qui n'arrive pas tout à fait à oublier le jour où, ivre mort, son père lui a cassé le bras. 
Mais les Torrance - le nom de la petite famille - vont de l'avant, et Jack trouve un emploi en tant que gardien d'un hôtel perdu au fin fond du Colorado, l'Overlook. Il s'agit de passer un hiver complet dans cet établissement confortable, coupé du monde, afin de le maintenir en bon état et de veiller à ce que rien n'explose ou s'enraie. 
Facile. 

A moins que.

En effet, alors que le lecteur se sent de plus en plus nerveux en attendant un déferlement d'horreur qui ne semble toujours pas survenir, Stephen King déploie petit à petit, sournoisement, son arsenal d'outils romanesques. Prédictions, symboliques, non-dits, tensions, tout est là pour que la tension se construise réellement et se renforce jusqu'à atteindre un point de non-retour. Loin de ces romans qui veulent parvenir à créer de l'attente mais n'aboutissent qu'à un ennui profond, Shining instaure un malaise palpable mais indicible, une sensation oppressante et parfaitement maîtrisée par l'auteur que quelque chose ne va pas, et pire, que quelque chose va exploser et sérieusement dégénérer. 

King parvient à créer des personnages suffisamment forts et convaincants pour qu'ils portent à eux seuls le texte, et empêchent toute lassitude de naître chez le lecteur. Il y a les Torrance, bien sûr, mais il y a aussi et surtout l'hôtel. Parce que s'il y a bien un personnage principal, c'est lui. 
L'hôtel colonise la moindre page du roman : plus que le décor, il est à la fois le contexte, la cause et le but de toute l'intrigue. On sent son emprise, son pouvoir, parfois un peu trop évident - certains aspects du roman sont à la limite du stéréotype, comme l'opposition entre le père en proie aux forces obscures et l'enfant lumière -, mais le charme ne peut qu'opérer. 

On tourne les pages, maladivement, passionnément. 

King donne surtout du corps à cette histoire, qui pourrait n'être qu'un récit d'horreur comme un autre, en lui donnant comme raison d'être une interrogation profonde sur la notion de destruction, de délabrement, de dérive : il y a celle de l'alcoolisme de Jack, du délabrement de la famille qu'il forme avec sa femme et son fils, et peut-être aussi celle de tout un système qui pousse à l'isolement, à des rêves absurdes et destructeurs, à une civilisation centrée sur elle qui n'accepte d'appeler à l'aide qu'une fois qu'il est trop tard, obsédée par ses illusions. 

Shining prend son temps pour poser les bases, instaurer une certaine tension, viser sa cible en plein cœur, pour enfin tirer à pleines balles. C'est puissant, c'est évocateur, c'est juste spectaculaire et gore comme il faut, c'est plutôt subtil, en particulier en niveau de la psychologie des personnages, - aussi subtil qu'un roman du genre puisse l'être -, c'est Shining. Un classique qui mérite son statut. 

Commentaires

  1. Un classique de l'auteur que j'ai enfin lu aussi, à la fin du mois dernier. Depuis, j'ai lu Salem, qui m'a encore plus plu. Mais, c'est certain que Shining est un incontournable.

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