Le Dernier des nôtres d'Adélaïde de Clermont-Tonnerre — Chronique n°237
Titre : Le Dernier des nôtres
Auteure : Adélaïde de Clermont-Tonnerre
Genre : Historique
Éditions : Grasset
Lu en : français
Nombre de pages : 489
Dresde, 1945 : sous un déluge de bombes, une mère agonise en accouchant d'un petit garçon.
Avec puissance et émotion, Adélaïde de Clermont Tonnerre nous fait traverser ces continents et ces époques que tout oppose : des montagnes autrichiennes au désert de Los Alamos, des plaines glacées de Pologne aux fêtes new-yorkaises, de la tragédie d’un monde finissant à l’énergie d’un monde naissant... Deux frères ennemis, deux femmes liées par une amitié indéfectible, deux jeunes gens emportés par un amour impossible sont les héros de ce roman tendu comme une tragédie, haletant comme une saga.
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Voici venir l'époque la plus tragique et la plus glorieuse pour nous autres lecteurs. Celle où nos yeux se noient tant les textes auxquels ils sont confrontés sont prolifiques et qualitatifs, mais également celle où nos portes-monnaies sont profanés, dépouillés, massacrés.
La rentrée littéraire.
J'ai failli avoir un malaise en passant devant la table consacrée aux parutions de ladite rentrée dans ma librairie. Et je n'ai finalement craqué que pour un seul titre. Dans un premier temps. Quelle raisonnabilité, n'est-ce pas ?
Ce qui fut moins raisonnable fut la vitesse à laquelle j'ai englouti ledit petit craquage, à savoir trois heures montre en main. J'ai honte. Je suis satisfaite.
Le Dernier des nôtres frappe par sa sobre et belle couverture grise, par le parcours impressionnant de son auteure – normalienne, un roman finaliste du Goncourt et lauréat de cinq prix –, et surtout par son résumé envoûtant qui croise Seconde Guerre mondiale et années 70 sur un fond de secret et de romance. Il n'en faut pas beaucoup plus pour convaincre son lecteur, qui cède humblement à cet appel irrésistible, et se laisse bientôt emporter dans une histoire convaincante, prenante et émouvante.
Adélaïde de Clermont-Tonnerre entrelace l'histoire de Walter, jeune homme ambitieux et sûr de lui vivant dans le Manhattan de 1969, à celle d'un enfant né dans les ruines de la ville allemande de Dresde, en 1945, dont on comprend rapidement qu'elles ne font qu'une. Par le biais d'une rencontre capitale, le personnage principal est bientôt confronté à un passé dont il n'avait absolument pas conscience, et qui n'aurait jamais dû être révélé...
D'autres romans ont creusé avant Le Dernier des nôtres cette thématique passionnante mais peut-être un peu usée du secret de famille lié à la guerre, tu des années durant, et qui resurgit une génération plus tard par le détour d'une coïncidence, d'un accident. On pouvait donc redouter un manque de piquant de la part de ce texte, peut-être un risque de tomber dans la facilité et le déjà-vu. Il n'en est rien : si l'histoire peut être un peu longue à démarrer, et le déroulement rester somme toute assez classique, l'auteure parvient à merveille à surprendre son lecteur, mais surtout à le toucher et à l'impliquer sentimentalement dans le destin de ses personnages. Le roman ne se lâche pas, les pages se tournent avec intérêt et bientôt avec émotion. L'écriture est un bonheur, tout en délicatesse et en émotion, et si l'articulation de l'histoire est peut-être un peu déséquilibrée, entre une introduction un peu lente et un dénouement très dense, rien n'empêche le lecteur de savourer sa découverte.
On alterne différentes atmosphères, entre une histoire épouvantable, tragique au cours de la Seconde Guerre mondiale, et une narration plus récente et légère, marquée par un personnage principal incroyablement attachant. Le drame est ainsi contrebalancé sans cacophonie aucune par l'humour et la vivacité de Walter en 1969, et les tonalités se succèdent avec harmonie pour former un tout dont on n'a aucune envie de sortir !
Note attribuée : 8,5/10 : un roman auquel il manque peut-être une infime touche d'originalité pour être véritablement qualifié de coup de cœur, mais qui demeure une très belle lecture, dans laquelle on s'immerge avec passion et qui fait voyager son lecteur à travers les époques avec talent, et introduit des personnages marquants aux parcours inoubliables.
T'as pas honte de lire ce genre de choses à ton âge alors que je lis du geek girl à 25 ans? HEIN?
RépondreSupprimer(pardon, je sors en ayant honte)
(et je déteste toujours autant les livres sur cette période, merci, orevouar)
Je lis de tout, c'est mon mantra :D J'ai terminé un roman de YA anglophone avant de lire celui-ci, et là je viens d'enchaîner sur Harry Potter ! Je varie, sinon je m'ennuie vite...
SupprimerEt une bonne fois pour toutes, la lecture d'un livre quel qu'il soit ne doit jamais, jamais susciter la moindre sorte de honte. Lire, c'est cool, même quand c'est du Oui-Oui, même quand c'est érotico-machino-je-ne-sais-quoi, même et surtout quand c'est Geek Girl.
JE VEUX ! C'est le livre de la rentrée littéraire qui me tente le plus :D Merci d'en avoir fait une bonne chronique, comme ça je me sens obligée de l'acheter.
RépondreSupprimerOUI OUI il te le fauuut !
SupprimerTiens je ne connais pas mais tu me donnes bien envie de découvrir :)
RépondreSupprimerIl fauuut le découvrir !
SupprimerJe ne suis pas trop fan des romans de guerre, pas sûre que je me laisse tenter :/
RépondreSupprimerLe roman en lui-même n'est pas centré sur la guerre (aucune scène de combat ni quoi que ce soit !), simplement, certains de ses passages se déroulent pendant le conflit. Ne te prive pas de cet excellent livre pour si peu :p
SupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerTu me donnes terriblement envie de le lire !! :D
RépondreSupprimerC'est bien mon objectif !
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