Bilan du mois [Mars 2020]

Bonjour à tous et toutes,

Bon. Nul besoin de vous l'apprendre, mars 2020, c'était compliqué. Franchement chaotique, même. Difficile de l'isoler comme un seul et unique mois, tant nos quotidiens ont radicalement changé en l'espace de quelques jours. Pour ma part, le 1er mars, j'étais à New York, au coeur de l'un de mes voyages les plus épanouissants et les plus éblouissants, et le 31, j'étais seule dans mon appartement à Montréal, confinée, et enfin apaisée après être passée par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel (surtout les plus sombres). Alors, parce que les livres font partie de ce qu'on aura toujours sous la main pour renouer avec des horizons plus doux et plus rassurants, voici mon bilan littéraire de cet affreux mois de mars :

J'ai adoré...

Réelle de Guillaume Sire : on touche au coup de cœur avec ce texte qui a su me prendre par surprise au moment où j'en avais besoin, au moment précis où je vivais justement ma vie dans une toute petite boîte mentale, où j'avais de plus en plus de mal à me projeter, où je commençais un peu à étouffer dans ce confinement auquel je n'étais pas encore habituée. Réelle, avec sa plume si inventive, si sensible, son personnage principal si simple et si touchant, son histoire banalement extraordinaire ou extraordinairement banale (c'est comme on veut), son ton désenchanté et pourtant si enchanteur. Pépite. 

Manet, Le Secret de Sophie Chambeau : une passionnante biographie que j'ai savourée d'un bout à l'autre, romanesque juste comme il faut, documentaire juste comme il faut, qui couvre aussi bien la personnalité et le parcours individuel de l'homme passionnant qu'était Manet que le contexte plus large dans lequel son oeuvre s'inscrit, celui du Paris du Second Empire, des impressionnistes, de la modernité, du modernisme, de l'art moderne, bref, captivant !

Loin d'Alexis Michalik : un roman qui m'a permis de m'évader comme aucun autre, avec ses dialogues piquants, son intrigue exaltée, sa succession de décors tous plus dépaysants les uns que les autres, dont l'ambition (600 pages tout de même, une histoire qui s'étale sur un siècle et cinq générations) le rend réellement, et au sens le plus noble du terme, divertissant.

J'ai bien aimé...

Sex Friends de Richard Mèmeteau : un essai piquant que je voulais lire depuis longtemps déjà, et dont j'ai apprécié l'analyse lucide, cynique et presque "attendrie" du fonctionnement cruel des applications de rencontre, de la façon dont on drague, dont on aime, dont on se quitte aujourd'hui, de nouveaux schémas qui pourraient peut-être et même sans doute nous permettre de moins nous faire souffrir les uns et les autres. 

Rhapsodie des Oubliés de Sofia Aouine : un roman dont j'avais beaucoup beaucoup entendu parler avec la dernière rentrée littéraire, et que je suis très heureuse d'avoir découvert pour sa plume réellement bluffante, nerveuse, brute et brutale, mais dont j'ai cela dit un peu peine à me laisser toucher par l'histoire en elle-même (roman très court avec de très nombreux personnages, décors, enjeux, parcours de vie, d'où une certaine extériorité de mon côté). Probablement à relire plus tard, dans d'autres circonstances...

J'ai plutôt aimé...

Les Vrais Durs de T. C. Boyle : un roman très cynique, très cruel avec ses personnages, auquel on peut reconnaître une forme de lucidité quant à l'Amérique contemporaine, la crise de la masculinité, la marge, les inégalités sociales, le mépris de classe, mais qui se fait parfois un peu lourd et un peu trop explicite dans son message.

Le Service des Manuscrits d'Antoine Lorrain : un roman dévoré en une après-midi, le temps d'un bon kombucha dégusté dans un petit café bobo montréalais (si j'avais su que c'était le dernier) et qui m'a offert à ce titre tout ce que j'attendais de lui : du divertissement, des sourires, de l'énergie. L'histoire un peu facile et un peu stéréotypée d'une enquête policière dans le monde de l'édition, mais qui a le mérite d'être prenante de bout en bout et plus que distrayante.

J'ai été déçue...

Nous étions nés pour être heureux de Lionel Duroy : un roman qui m'a complètement laissée de marbre, avec ses dialogues froids et artificiels, ses personnages qu'on peut résumer en deux lignes en tout et pour tout, son propos finalement très très rapidement synthétisable et qui ne casse honnêtement pas trois pattes à un canard (un écrivain qui se sert de ses blessures et secrets familiaux comme sujets d'inspiration depuis trente ans, blessant ainsi énormément le reste de sa famille... Bon, disons qu'on a vite fait le tour).

San Miguel de T. C. Boyle : un roman honnêtement pénible à lire, qui s'articule autour des parcours de trois femmes différentes, tous plus marquées par la souffrance, la solitude et la douleur les unes que les autres. Ce n'était certainement pas le meilleur moment pour lire ce livre, et le contexte a certainement joué sur mon incapacité à en lire les cinquante dernières pages (sur 600, quand même) tant l'histoire m'a plombée. 

Sur ce, je vous souhaite le meilleur mois d'avril possible : prenez soin de vous !