Les Heures Solaires de Caroline Caugant - Chronique n°463
Titre : Les Heures Solaires
Autrice : Caroline Caugant
Genre : Contemporain
Editions : Stock (collection Arpège)
Lu en : français
Nombre de pages : 288
Résumé : Alors qu’elle prépare sa prochaine exposition, Billie, artiste trentenaire, parisienne, apprend la mort brutale de Louise. Sa mère, dont elle s’est tenue éloignée si longtemps, s’est mystérieusement noyée.
Résumé : Alors qu’elle prépare sa prochaine exposition, Billie, artiste trentenaire, parisienne, apprend la mort brutale de Louise. Sa mère, dont elle s’est tenue éloignée si longtemps, s’est mystérieusement noyée.
Pour Billie, l’heure est venue de retourner à V., le village de son enfance.
Elle retrouve intacts l’arrière-pays méditerranéen, les collines asséchées qu’elle arpentait gamine, la rivière galopante aux échos enchanteurs et féroces, et surtout le souvenir obsédant de celle qu’elle a laissée derrière elle : Lila, l’amie éternelle, la soeur de coeur — la grande absente.
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C'est une histoire de tentative d'oubli et de déni de réalité.
Billie s'est construit une vie loin de la maison où elle a grandi, loin de ses souvenirs d'enfance. En engloutissant les kilomètres, elle a espéré faire de même avec son passé, mais comme bien souvent, sa tentative de nouveau départ s'est soldée par une accalmie qui n'était que temporaire.
La voici, désormais, face au décès de sa mère, alors que celle-ci vivait depuis trois ans en maison de retraite. Le fait que cette mère de toute façon insaisissable soit décédée n'est pas tant ce qui ébranle Billie que les circonstances inexplicables de la disparition : c'est en effet en se noyant que la vieille femme a trouvé sa perte.
Avec l'annonce de cette mort troublante, Billie se heurte à toutes les questions qu'elle n'a pas eu la force ou le courage de résoudre, dans une confusion chronologique assumée, et une certaine dose de culpabilité. Petit à petit, avec l'aide des lieux envoûtants de son enfance, elle laisse les réminiscences venir à elle, et se plonge dans un passé qu'elle a trop longtemps rejeté.
Bon.
Voilà pour le résumé.
Pour ce qui est de mon ressenti, voici mon constat principal.
C'est un roman assez frustrant.
Pas mauvais, loin de là, mais frustrant.
Je l'ai refermé séduite, mais les jours passant, j'y reviens avec un peu plus de circonspection.
On en attend beaucoup, par ce résumé intrigant, cette plume qui se veut pleine d'images marquantes, ce ton sombre et puissant, mais force est d'admettre que deux semaines après l'avoir refermé, il n'en reste pas grand-chose. Le tout est trop long et le trait trop forcé, comme s'il fallait absolument faire à tout prix dans une intensité absolue, comme s'il n'y avait que la noirceur la plus totale pour imprimer une émotion mémorable sur le lecteur.
Plus problématique encore, certaines relations paraissent difficilement palpables pour le lecteur, comme celle entre Billie et Paul, ou la prévisibilité de l'histoire. Avec une telle montée en crescendo tout au long du roman, on s'attend à un final retournant, inédit, et si le dénouement est plutôt bien amené et laisse une douce note finale, on ne peut pas non plus dire qu'il offre une conclusion d'une folle originalité. L'autrice a voulu raconter une histoire d'absolus, mais n'arrive finalement qu'à un récit inégal selon les passages, tantôt très juste, avec une plume douce et lumineuse, tantôt dissonant, surtout dans certaines envolées lyriques où le style d'écriture se fait presque caricatural.
Loin de moi la volonté de nier que le livre se lit bien, avec fluidité et intérêt lors des passages les plus réussis - notamment le deuxième tiers, bien mieux rythmé que le reste. Les Heures Solaires fait passer un moment de lecture plutôt agréable, tout en poésie et en images évocatrices, mais on n'a finalement droit qu'à une histoire de secret de famille bien maîtrisée dans l'absolu, mais bien trop classique pour qui commence à connaître les ficelles du registre. A vous de voir donc, pour cette lecture qui n'a rien de déplaisant et offre des passages tout à fait touchants, mais qui souffre d'un certain manque d'équilibre, d'un dénouement qui risque de vous laisser sur votre faim et de personnages furieusement insondables - ce qui peut avoir son charme, mais s'avère souvent agaçant.
Les Heures Solaires est donc un ouvrage onirique, nébuleux, que l'on lit avec facilité et curiosité, mais qui peine à toucher véritablement. Il recèle un certain potentiel, notamment avec son travail soigné des atmosphères et des décors - l'effet procuré par la maison de famille de Billie peut être qualifié de hantant - mais reste encore un peu prévisible pour être qualifié de marquant.
C'est une histoire de tentative d'oubli et de déni de réalité.
Billie s'est construit une vie loin de la maison où elle a grandi, loin de ses souvenirs d'enfance. En engloutissant les kilomètres, elle a espéré faire de même avec son passé, mais comme bien souvent, sa tentative de nouveau départ s'est soldée par une accalmie qui n'était que temporaire.
La voici, désormais, face au décès de sa mère, alors que celle-ci vivait depuis trois ans en maison de retraite. Le fait que cette mère de toute façon insaisissable soit décédée n'est pas tant ce qui ébranle Billie que les circonstances inexplicables de la disparition : c'est en effet en se noyant que la vieille femme a trouvé sa perte.
Avec l'annonce de cette mort troublante, Billie se heurte à toutes les questions qu'elle n'a pas eu la force ou le courage de résoudre, dans une confusion chronologique assumée, et une certaine dose de culpabilité. Petit à petit, avec l'aide des lieux envoûtants de son enfance, elle laisse les réminiscences venir à elle, et se plonge dans un passé qu'elle a trop longtemps rejeté.
Bon.
Voilà pour le résumé.
Pour ce qui est de mon ressenti, voici mon constat principal.
C'est un roman assez frustrant.
Pas mauvais, loin de là, mais frustrant.
Je l'ai refermé séduite, mais les jours passant, j'y reviens avec un peu plus de circonspection.
On en attend beaucoup, par ce résumé intrigant, cette plume qui se veut pleine d'images marquantes, ce ton sombre et puissant, mais force est d'admettre que deux semaines après l'avoir refermé, il n'en reste pas grand-chose. Le tout est trop long et le trait trop forcé, comme s'il fallait absolument faire à tout prix dans une intensité absolue, comme s'il n'y avait que la noirceur la plus totale pour imprimer une émotion mémorable sur le lecteur.
Plus problématique encore, certaines relations paraissent difficilement palpables pour le lecteur, comme celle entre Billie et Paul, ou la prévisibilité de l'histoire. Avec une telle montée en crescendo tout au long du roman, on s'attend à un final retournant, inédit, et si le dénouement est plutôt bien amené et laisse une douce note finale, on ne peut pas non plus dire qu'il offre une conclusion d'une folle originalité. L'autrice a voulu raconter une histoire d'absolus, mais n'arrive finalement qu'à un récit inégal selon les passages, tantôt très juste, avec une plume douce et lumineuse, tantôt dissonant, surtout dans certaines envolées lyriques où le style d'écriture se fait presque caricatural.
Loin de moi la volonté de nier que le livre se lit bien, avec fluidité et intérêt lors des passages les plus réussis - notamment le deuxième tiers, bien mieux rythmé que le reste. Les Heures Solaires fait passer un moment de lecture plutôt agréable, tout en poésie et en images évocatrices, mais on n'a finalement droit qu'à une histoire de secret de famille bien maîtrisée dans l'absolu, mais bien trop classique pour qui commence à connaître les ficelles du registre. A vous de voir donc, pour cette lecture qui n'a rien de déplaisant et offre des passages tout à fait touchants, mais qui souffre d'un certain manque d'équilibre, d'un dénouement qui risque de vous laisser sur votre faim et de personnages furieusement insondables - ce qui peut avoir son charme, mais s'avère souvent agaçant.
Les Heures Solaires est donc un ouvrage onirique, nébuleux, que l'on lit avec facilité et curiosité, mais qui peine à toucher véritablement. Il recèle un certain potentiel, notamment avec son travail soigné des atmosphères et des décors - l'effet procuré par la maison de famille de Billie peut être qualifié de hantant - mais reste encore un peu prévisible pour être qualifié de marquant.
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