Bonjour à toutes et tous !
Le mois d'août aura été, en un mot, absolument merveilleux. Au risque de radoter (et vous savez que j'aime ça), il a notamment vu la publication de mon premier roman (l'auto-promo, chez moi, c'est une discipline de vie), ainsi que tout un tas de belles rencontres, conversations, et autres découvertes réjouissantes. J'y ai enfin et beaucoup lu, avec pas moins de 13 romans achevés, dont je vais m'empresser de vous parler plus en détail :
Le coup de cœur du mois...
Une Odyssée de Daniel Mendelsohn : alors là, vraiment, ce livre, je ne m'en remets pas. Je ne saurais même plus vous dire pourquoi de façon un tant soit peu renouvelée, alors je me contenterai de vous renvoyer à ma chronique, et de vous répéter ce que je vous ai déjà dit sur tous les tons : cet ouvrage m'a paru d'une profonde intelligence, d'une sensibilité d'autant plus précieuse qu'on ne s'y attendrait pas forcément de la part d'un écrivain/professeur/intellectuel déjà bien installé, et d'autant plus touchant qu'on voit justement Daniel Mendelsohn se réfugier de temps à autre dans son analyse (toujours captivante !) de L'Odyssée lorsque ce qu'il raconte à propos de son père devient trop émouvant. Magnifique !
J'ai adoré...
Le Journal d'une femme de chambre d'Octave Mirbeau : fantastique roman fantastiquement satirique, habité par la voix inoubliable d'une héroïne rusée, calculatrice, spontanée et surtout prête à tout pour enfin toucher à une forme de bonheur, ou du moins d'épanouissement. On y trouve des bourgeois frustrés, des domestiques ambitieux, résignés ou humiliés, des classes en plein affrontement, une condition féminine décryptée avec une lucidité folle par l'écrivain, et une narratrice aussi attachante que complètement instable.Vers l'Abîme d'Erich Kästner : incroyable roman dont je ne comprends pas comment j'ai pu passer à côté si longtemps ! Vers l'Abîme a tout d'abord été publié une première fois en 1931 dans une version censurée, avant d'être enfin remanié pour sortir dans sa version intégrale il y a quelques années. C'est un roman captivant à plus d'un titre, charge virulente, lucide et surtout incroyablement drôle contre l'Allemagne de la République de Weimar, la passivité de la population face à des menaces évidentes, et la résolution avec laquelle la société dans son ensemble se précipite vers l'abîme. Kästner joue à merveille avec le genre de la satire et de la caricature, et offre ici un roman visionnaire d'une incision fantastique. Le Parfum de Patrick Süskind : un roman que je devais et voulais lire depuis des mois, tant on m'en a parlé sur tous les tons (et surtout les plus laudatifs). Verdict : Le Parfum est effectivement un texte fascinant à plus d'un titre, saisissant dans ses descriptions, particulièrement efficace dans son intrigue, et ce même si le style n'a rien de vraiment remarquable. Mémorable, un livre qui mérite son statut d'incontournable !
L'Art de la joie de Giordana Sapienza : un sacré pavé (800 pages au compteur tout de même) dont je savais pertinemment qu'il me plairait énormément (ce genre de roman dont on laisse traîner le moment où on en commencera enfin la lecture avec une certaine sérénité, puisqu'on sait de toute façon très bien qu'on l'aimera. Je suis sûre que vous connaissez ça aussi. Non ?), et qui ne m'a effectivement pas déçue. Texte très surprenant, au style unique en son genre (avec de nombreuses ruptures de ton et de style, une narration alternant entre deux points de vue sans distinction claire ni avertissement, des ellipses surprenantes, des digressions inattendues et des descriptions saisissantes), dont je ne saurais trop vous recommander la lecture. Réjouissant, terriblement moderne, et résolument enflammé.
Portrait de groupe avec dame d'Heinrich Böll : roman unique en son genre que je suis très heureuse d'avoir découvert (par le plus grand des hasards). Toute l'intrigue repose sur une enquête dont on comprend bien vite qu'elle relève du prétexte plus qu'autre chose : découvrir l'identité, l'histoire et les aspirations d'une femme allemande a priori pas plus remarquable qu'une autre, mais dont le parcours, les (non) engagements et les égarements permettent de dépeindre toute une fresque humaine de personnages, témoins et autres acteurs de la société allemande pendant et après la Seconde Guerre mondiale, donnant ainsi lieu à un récit incroyablement foisonnant, extrêmement riche pour qui souhaite découvrir une analyse en profondeur de l'état de la société allemande tout au long de ces quelques décennies.
J'ai bien aimé...
Gatsby le Magnifique de F. Scott Fitzgerald : classique parmi les classiques (sans blague) que j'avais très (très) vaguement lu au lycée (comprendre : j'étais censée le lire pendant les vacances et en avais parcouru environ trente pages avec application) et dans lequel il était temps que je me replonge. Résultat : j'étais très satisfaite de pouvoir savourer la plume remarquable de Fitzgerald, ses images éblouissantes et son sens du rythme saisissant, mais j'ai aussi pu vérifier ce que j'avais entraperçu à travers mon visionnage des adaptations cinématographiques du roman et ma première lecture très (très) fragmentaire du récit a été confirmé, à savoir un sentiment de vacuité, d'inconséquence, la sensation d'avoir assisté au déroulement d'une histoire dont je ne me préoccupe finalement pas tant que ça, et dont je retiendrai la forme sublime bien davantage que le fond, qui ne m'a pas apporté de réelle expérience de lecture forte ou marquante.
Par les routes de Sylvain Prudhomme : Un roman assez unique en son genre, dont le côté fluide, elliptique et fuyant a quelque chose d'assez frustrant, certes, mais aussi et surtout d'hypnotique... et de dépaysant, alors même que c'est avant tout une exploration de notre "pays" (la France bien sûr... mais aussi la famille, l'intime) C'est tout un monde que Sylvain Prudhomme investit ici : le foyer, la route, les petits villages et les grands trajets sur l'autoroute, un univers qui nous est connu et que l'auteur parvient à rendre nouveau, surprenant et même hostile.
Les Débutantes de J. Courtney Summers : une lecture que j'étais très heureuse de pouvoir faire pendant mes vacances, et qui constituait la parfaite sempiternelle """"lecture de plage"""" en ce qu'elle était à la fois très divertissante et facile à prendre et reposer, tout en reposant sur une véritable structure et en défendant une certaine vision de ses héroïnes et du monde dans lequel elles évoluent, notamment à travers sa description et sa critique d'une certaine université américaine très réputée et assez unique en son genre. Plus largement, le roman a un vrai intérêt dans la façon dont il analyse le féminisme du début des années 2000 et les injonctions qui pesaient et pèsent encore sur une certaine catégorie de femmes privilégiées, éduquées et déterminées à s'émanciper, quand bien même cela n'a rien d'évident. J'aurais cela dit aimé qu'il aille encore plus loin et se détache encore davantage de certains clichés et autres raccourcis, mais dans l'ensemble, le récit remplit largement son contrat.
Je suis mitigée...
La Force de l'âge de Simone de Beauvoir : mieux vaut vous renvoyer d'office à ma chronique détaillée, un bref résumé me paraissant trop expéditif pour vous expliquer tout ce qui m'a posé question, perturbée voire franchement dérangée dans ces mémoires évidemment très riches mais aussi assez problématiques sur un certain nombre de points. Je suis donc bien moins enthousiaste qu'après les Mémoires d'une jeune fille rangée (et en même temps, je m'y attendais un peu). Intéressant donc, mais loin de la révélation.
J'ai été déçue...
La Confession d'un enfant du siècle d'Alfred de Musset : alors là, vraiment, j'ai tout donné, croyez-moi, mais j'ai été dans l'impossibilité pure et totale (promis) de poursuivre ma lecture au-delà de la page 200 (sur 400, c'était déjà pas mal). Là où les deux premiers chapitres de l'ouvrage m'ont transportée, avec leur analyse acerbe et géniale des tourments dont Musset clame et démontre que l'entièreté de sa génération souffre, le reste du roman m'a prodigieusement assommée, avec son personnage principale honnêtement intenable et son intrigue fadasse, plombée par une plume surchargée d'effets de style qui tombent tous complètement à plat. La Confession, très peu pour moi donc.
Girl d'Edna O'Brien : assez surprise par mon ressenti à la lecture de ce roman multi-récompensé et multi-acclamé, dont j'étais assez persuadée qu'il me plairait, mais dont j'ai fini par constater qu'il me laissait plus mal à l'aise qu'autre chose. La plume est très travaillée, le fond aussi, comme le révèle le témoignage de l'autrice à la fin de l'ouvrage, mais je dois avouer que le texte ne m'a jamais paru sonner juste, toujours perdu quelque part entre ce qu'il aurait dû être (un récit fort, à la première personne, implacable, sans non plus faire dans la violence excessive) et ce qu'il cherchait très justement à être (un reportage, une intrusion malvenue dans la vie des jeunes filles nigérianes enlevées par le groupe terroriste Boko Haram). On a un résultat déstabilisant et à mon sens très déséquilibré, avec ce récit dur mais finalement assez gratuit d'une souffrance de laquelle on ne sait jamais quoi faire, aux personnages dont les supplices sont abondamment décrits, certes, mais qu'on trouve malgré tout curieusement désincarnés. Problème de point de vue, de narration, d'angle, je n'en sais rien, toujours est-il que le texte m'a paru tomber à côté de ce qui était sans doute son objectif initial, et ne me laisse malheureusement que le sentiment de malaise que j'évoquais plus haut.
Sur ce, je vous souhaite un excellent mois de septembre, et la rentrée la plus apaisée et stable possible !
Sur ce, très belle rentrée et très beau mois de septembre à vous !
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