La Disparition de Stephanie Mailer de Joël Dicker - Chronique n°426
Titre : La Disparition de Stephanie Mailer
Auteur : Joël Dicker
Genre : Contemporain | Policier
Editions : De Fallois
Nombre de pages : 632
Lu en : français
Lu en : français
Résumé : 30 juillet 1994. Orphea, petite station balnéaire tranquille des Hamptons dans l’État de New York, est bouleversée par un effroyable fait divers: le maire de la ville et sa famille sont assassinés chez eux, ainsi qu’une passante, témoin des meurtres.
L’enquête, confiée à la police d’État, est menée par un duo de jeunes policiers, Jesse Rosenberg et Derek Scott. Ambitieux et tenaces, ils parviendront à confondre le meurtrier, solides preuves à l’appui, ce qui leur vaudra les louanges de leur hiérarchie et même une décoration.
Mais vingt ans plus tard, au début de l’été 2014, une journaliste du nom de Stephanie Mailer affirme à Jesse qu’il s’est trompé de coupable à l’époque.
Avant de disparaitre à son tour dans des conditions mystérieuses.
Qu’est-il arrivé à Stephanie Mailer ?
Qu’a-t-elle découvert ?
Et surtout: que s’est-il vraiment passé le soir du 30 juillet 1994 à Orphea ?
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Eh bien, mes chers, ce fut long.
Pas périlleux, pas ardu, mais juste, long.
Attention, j'ai adoré La Vérité Harry Quebert, bien aimé Le Livre des Baltimore et Les Derniers Jours de nos pères. J'ai toujours considéré Joël Dicker comme l'un des plus intéressants des écrivains "qui se vendent bien", j'adore le pouvoir d'immersion incroyable de ses histoires, et sa capacité à nous faire oublier que ses bouquins pèsent le poids d'un cachalot diabétique.
Mais alors là.
Tout n'est pas mauvais, loin de là, et j'ai bel et bien lu ce roman de bout en bout, ce qui reste un indicateur certain de fluidité, de cohérence, de rythme.
Mais force est d'admettre tout est loin d'être réussi.
Le premier élément décevant réside sans aucun doute dans la plume de Joël Dicker, dont l'on savait déjà qu'elle n'était pas la plus originale ou la plus innovatrice des plumes du moment, mais qui avait toujours brillé par le pouvoir qu'elle avait d'emmener absolument tous ses lecteurs avec elle.
Mais il suffit de quelques pages de La Disparition de Stephanie Meyer pour tomber des nues.
De simple, le style est devenu absent.
Le ton est d'une lourdeur inouïe, si explicatif et bourré de phrases inutiles que le roman aurait pu être moitié moins long, avec quelques images éparses pseudo-poétiques qui donnent surtout envie de rouler des yeux, et des lieux communs si navrants qu'on a du mal à comprendre comment pas le moindre éditeur n'a pu revenir dessus.
Attendez, je vous mets un petit florilège, parce que tout simplement, c'est hilarant.
"Pour découvrir qui avait tué le maire et sa famille, nous avions besoin de savoir qui avait une bonne raison de le faire."
"La personne qui avait mis le feu à l'appartement n'avait qu'un but : tout faire brûler."
"- Merci mon amour, d'être un mari et un père aussi génial.
- Merci à toi d'être une femme extraordinaire.
- Je n'aurai jamais pu imaginer être aussi heureuse, lui dit Cynthia les yeux brillants d'amour.
- Moi non plus. Nous avons tellement de chance, repartit Jerry."
- Merci à toi d'être une femme extraordinaire.
- Je n'aurai jamais pu imaginer être aussi heureuse, lui dit Cynthia les yeux brillants d'amour.
- Moi non plus. Nous avons tellement de chance, repartit Jerry."
Si j'étais mesquine, je parlerais des coquilles à foison, du vocabulaire terriblement pauvre, du style explicatif, des situations si cliché qu'on a envie de croire qu'il s'agit d'une parodie.
Mais attendez. Je suis mesquine.
Sachez donc que les coquilles/explications laborieuses/clichés/phrases plates sont légion.
Vient ensuite le problème des personnages.
Dire qu'ils sont stéréotypés serait leur faire une faveur qu'ils ne méritent pas : ils ne sont qu'un type, unique, et peuvent être synthétisés en quelques mots. On a tout le catalogue, le duo de flics audacieux, le critique littéraire hystérique, la journaliste ambitieuse, le mari volage, l'ado dépressive, le voisin sidekick adorable, le millionnaire malheureux et sa fille toxico, avec bien évidemment un lourd passé et de terribles secrets pour chacun, à peu près aussi excitants qu'une assiette de coquillettes. Nature.
Leur évolution est inexistante, leurs dialogues plus artificiels que s'il s'était agi d'une mauvaise traduction, leur potentiel d'empathie équivalent à celui que j'ai pour mon armoire.
Se rajoute à cela le fameux tropisme américain qui n'a d'autre raison d'exister que de recouvrir ce naufrage littéraire d'un vernis vaguement glamour, parce que Jesse, Dakota et Meghan, ça sonne quand même mieux que Micheline et Jean-René - le décor américain ne sera bien entendu jamais réellement exploité comme autre chose que comme un pur accessoire. A quoi bon délocaliser son intrigue si l'on n'exploite pas les particularités culturelles, politiques ou humaines du lieu choisi ?
Mais le plus navrant reste sans aucun doute cette histoire dont les ficelles sont si énormes et visibles qu'on devrait plutôt les appeler des cordes, et dont l'originalité a dû se perdre avec la subtilité. On ne compte pas les scènes terriblement indigestes de récapitulatif de la part des policiers, du style :
- Eh bien, c'est incroyable, nous pensions que Robert était le meurtrier, mais grâce à ce petit livre que je tiens dans ma main, nous savons désormais que ce n'est pas le cas.
- Olala, c'est incroyable, que faire.
- Attendez, je viens de me souvenir d'une remarque de Georgette qui me paraît suspecte.
- Olala, c'est incroyable, se pourrait-il que ce soit elle ?
C'est long. Mais c'est prenant. Alors on continue. Vient le dénouement, loin d'être à la hauteur de ce qu'on attend après avoir supporté 630 pages d'histoires de voisinage entre Stacy et Kimberley et de circonvolutions de flics dévoués, et un épilogue si débordant de niaiserie qu'on a du mal à y croire.
Reste une vérité indéniable : c'est un page-turner, c'est une histoire dont on a envie de connaître le fin mot, c'est un divertissement efficace. On en a pour son argent, mais pas pour un centime de plus.
Vous savez désormais à quoi vous attendre.
Oh punaise Capucine je t'adore ! hahaha. C'est pas que je suis d'accord puisque je ne l'ai pas lu (j'avais adoré "La vérité.." moi aussi ceci dit), mais alors qu'est-ce que j'ai ri avec ta chronique. Mention spéciale pour ces délicieuses citations d'une profondeur rare.
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