Les Collisions de Joanne Richoux - Chronique n°423
Titre : Les Collisions
Autrice : Joanne Richoux
Genre : Contemporain
Editions : Sarbacane (collection Exprim')
Editions : Sarbacane (collection Exprim')
Lu en : français
Nombre de pages : 288
Résumé : Gabriel et Laetitia entrent en Terminale Littéraire.
Lui, il est brumeux et arrogant.
Elle, elle est fière comme pas possible et cleptomane.
Eux, ils s’ennuient royalement,
Forcément, ça va leur donner des idées…
Acoquiner Solal et Ninon, par exemple.
Rendre fou Dorian, l’ex de Laetitia, à l’aide de théories du complot.
Et puis Gabriel, il pourrait tenter de décrocher un rencard avec Mademoiselle Brugnon, la prof d’Arts Plastiques.
Bref : Valmont et Merteuil ont trouvé leurs proies.
Tout est en place. À deux doigts d’exploser.
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Un grand merci aux éditions Sarbacane et en particulier à Lucie pour cet envoi !
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Gabriel et Laetitia s'ennuient.
Autour d'eux, personne n'est vraiment digne d'intérêt. Ni les gens du lycée, ni les profs, ni leur famille.
Encore une année à tuer et la vie commence.
D'ici juin et le bac, il y a dix mois, solide.
Mais Gabriel et Laetitia ont de l'imagination à revendre et un sens du romanesque inouï.
Et il se trouve que la deuxième oeuvre au programme de littérature est ce texte retors, jouissif et passionnel, ce roman épistolaire qu'ils connaissent par coeur.
Choderlos de Laclos.
Les Liaisons Dangereuses.
Et si...
Et si Merteuil et Valmont pouvaient devenir deux adolescents du début du XXIème siècle ?
Et si les êtres humains étaient aussi aisément manipulables que le livre le suggère ?
Et si jouer avec les esprits pouvait donner un souffle nouveau à deux existences moribondes et cyniques ?
Les stratagèmes se précisent, les plans d'attaque s'aiguisent.
Et les jours défilent.
Dans le filet de Gabriel et Laetitia s'échouent leurs proies, emportant avec elles le peu de retenue et de pudeur qui retenait encore les pulsions les plus premières des deux comparses.
Ils n'ont plus de limites.
Plus d'entraves.
Ils deviendront les dieux de leur propre vie, les auteurs de leur propre histoire.
Rien ni personne ne pourra les en empêcher.
Rien ni personne, si ce n'est eux-mêmes.
Et les jours défilent encore.
La plume de Joanne Richoux taille dans le vif, avec une précision implacable, étale en place publique le désarroi des cibles de son couple de héros, entraîne de sa poigne ferme le lecteur dans un jeu qui le fascine tout autant qu'il le révulse. La mélodie doucereuse du récit gagne en force au fur et à mesure que la toile machiavélique se tisse et s'étend, que les personnages s'étoffent et s'affirment, et bien sûr, que le nœud tragique se resserre.
Car les personnages de ce genre d'histoires ont beau se croire plus puissants que leur propre destin, arrive toujours le moment où ils commettent leurs premières erreurs.
Et le lecteur se trouve écartelé par les sentiments contradictoires que lui inspirent les protagonistes.
Fascination, comment pourrait-il en être autrement face à des personnalités aussi magnétiques, aussi perfides, aussi ambitieuses ?
Dégoût, comment pourrait-il en être autrement face à ce mépris constant des règles et des individus ?
Passion, pour les mots, les images convoquées par l'autrice, toujours à mi-chemin entre le sublime et le sordide, par cette intrigue à la fois grandiose par son intensité et triviale par son cadre.
Oui, triviale, parce qu'au fond, avec quoi jouent Laetitia et Gabriel, si ce n'est deux ou trois anonymes dans un lycée méconnu ?
Et voilà le lecteur attristé, choqué, peiné, effrayé, séduit, tout se combine et s'amplifie, au rythme de la musique que l'autrice distille le long du texte, jusqu'à un final éclatant, retentissant, aux accents traumatiques.
Les Collisions, c'est une invention géniale tout autant qu'un hommage fidèle aux Liaisons dangereuses, un texte qui ne doit rien à personne et n'hésite pas à prendre ses libertés avec son modèle, à l'image de son duo de protagonistes, et pourtant, les fantômes de Merteuil et de Valmont sont là, palpables, et l'hybris de Laetitia et Gabriel fait palpiter les phrases de Richoux au même rythme que celles de Laclos.
Les Collisions est une histoire d'excès, d'un ennui maladif à une envie dévorante en passant par une passion bouillonnante. L'atmosphère dans laquelle ce livre immerge son lecteur est excessivement écrasante, sa prose excessivement entraînante et ses combines désabusées excessivement tordues.
C'est aussi une histoire de chocs, ceux des victimes qui se découvrent bernées, ceux des agresseurs pris à leur propre piège, celui du lecteur qui se découvre par instants complice des deux bourreaux, celui que chaque page fait en se tournant et en précipitant un peu plus ces libertins des temps modernes vers leur propre chute.
C'est enfin une histoire de châtiment - après le crime -, l'histoire de points distribués à la fin du jeu, de conséquences inéluctables.
Mais ce n'est pas une histoire de morale ou de jugement. De tels concepts ne résistent pas à une fusion aussi intense que celle des Collisions, entre la fiction d'un roman du XVIIIème, d'une histoire qui s'en inspire, et la réalité de ce que font naître les actes et les mots des personnages chez le lecteur. Les Collisions ne désigne pas de "grands méchants", ne donne pas de petites leçons sur la vie, mais laisse au contraire son public se relever haletant de ce à quoi il vient d'assister, se remettre des blessures dont il a été témoin, et découvrir ce que ce texte a fait naître chez lui.
Horreur, vertige, incrédulité, et surtout, ce vague sentiment d'excitation.
Cette sensation que l'on éprouve lorsque l'on réalise que l'on est vivant.
Gabriel et Laetitia s'ennuient.
Autour d'eux, personne n'est vraiment digne d'intérêt. Ni les gens du lycée, ni les profs, ni leur famille.
Encore une année à tuer et la vie commence.
D'ici juin et le bac, il y a dix mois, solide.
Mais Gabriel et Laetitia ont de l'imagination à revendre et un sens du romanesque inouï.
Et il se trouve que la deuxième oeuvre au programme de littérature est ce texte retors, jouissif et passionnel, ce roman épistolaire qu'ils connaissent par coeur.
Choderlos de Laclos.
Les Liaisons Dangereuses.
Et si...
Et si Merteuil et Valmont pouvaient devenir deux adolescents du début du XXIème siècle ?
Et si les êtres humains étaient aussi aisément manipulables que le livre le suggère ?
Et si jouer avec les esprits pouvait donner un souffle nouveau à deux existences moribondes et cyniques ?
Les stratagèmes se précisent, les plans d'attaque s'aiguisent.
Et les jours défilent.
Dans le filet de Gabriel et Laetitia s'échouent leurs proies, emportant avec elles le peu de retenue et de pudeur qui retenait encore les pulsions les plus premières des deux comparses.
Ils n'ont plus de limites.
Plus d'entraves.
Ils deviendront les dieux de leur propre vie, les auteurs de leur propre histoire.
Rien ni personne ne pourra les en empêcher.
Rien ni personne, si ce n'est eux-mêmes.
Et les jours défilent encore.
La plume de Joanne Richoux taille dans le vif, avec une précision implacable, étale en place publique le désarroi des cibles de son couple de héros, entraîne de sa poigne ferme le lecteur dans un jeu qui le fascine tout autant qu'il le révulse. La mélodie doucereuse du récit gagne en force au fur et à mesure que la toile machiavélique se tisse et s'étend, que les personnages s'étoffent et s'affirment, et bien sûr, que le nœud tragique se resserre.
Car les personnages de ce genre d'histoires ont beau se croire plus puissants que leur propre destin, arrive toujours le moment où ils commettent leurs premières erreurs.
Et le lecteur se trouve écartelé par les sentiments contradictoires que lui inspirent les protagonistes.
Fascination, comment pourrait-il en être autrement face à des personnalités aussi magnétiques, aussi perfides, aussi ambitieuses ?
Dégoût, comment pourrait-il en être autrement face à ce mépris constant des règles et des individus ?
Passion, pour les mots, les images convoquées par l'autrice, toujours à mi-chemin entre le sublime et le sordide, par cette intrigue à la fois grandiose par son intensité et triviale par son cadre.
Oui, triviale, parce qu'au fond, avec quoi jouent Laetitia et Gabriel, si ce n'est deux ou trois anonymes dans un lycée méconnu ?
Et voilà le lecteur attristé, choqué, peiné, effrayé, séduit, tout se combine et s'amplifie, au rythme de la musique que l'autrice distille le long du texte, jusqu'à un final éclatant, retentissant, aux accents traumatiques.
Les Collisions, c'est une invention géniale tout autant qu'un hommage fidèle aux Liaisons dangereuses, un texte qui ne doit rien à personne et n'hésite pas à prendre ses libertés avec son modèle, à l'image de son duo de protagonistes, et pourtant, les fantômes de Merteuil et de Valmont sont là, palpables, et l'hybris de Laetitia et Gabriel fait palpiter les phrases de Richoux au même rythme que celles de Laclos.
Les Collisions est une histoire d'excès, d'un ennui maladif à une envie dévorante en passant par une passion bouillonnante. L'atmosphère dans laquelle ce livre immerge son lecteur est excessivement écrasante, sa prose excessivement entraînante et ses combines désabusées excessivement tordues.
C'est aussi une histoire de chocs, ceux des victimes qui se découvrent bernées, ceux des agresseurs pris à leur propre piège, celui du lecteur qui se découvre par instants complice des deux bourreaux, celui que chaque page fait en se tournant et en précipitant un peu plus ces libertins des temps modernes vers leur propre chute.
C'est enfin une histoire de châtiment - après le crime -, l'histoire de points distribués à la fin du jeu, de conséquences inéluctables.
Mais ce n'est pas une histoire de morale ou de jugement. De tels concepts ne résistent pas à une fusion aussi intense que celle des Collisions, entre la fiction d'un roman du XVIIIème, d'une histoire qui s'en inspire, et la réalité de ce que font naître les actes et les mots des personnages chez le lecteur. Les Collisions ne désigne pas de "grands méchants", ne donne pas de petites leçons sur la vie, mais laisse au contraire son public se relever haletant de ce à quoi il vient d'assister, se remettre des blessures dont il a été témoin, et découvrir ce que ce texte a fait naître chez lui.
Horreur, vertige, incrédulité, et surtout, ce vague sentiment d'excitation.
Cette sensation que l'on éprouve lorsque l'on réalise que l'on est vivant.
"Et voilà le lecteur attristé, choqué, peiné, effrayé, séduit, tout se combine et s'amplifie, au rythme de la musique que l'autrice distille le long du texte, jusqu'à un final éclatant, retentissant, aux accents traumatiques." ♥ Que ce soit ce passage ou le reste de ta chronique, c'est tellement à l'image du roman ! Bravo pour ces mots mis sur un roman marquant, à lire et à relire.
RépondreSupprimerJe vais être obligée de craquer je crois ^^
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