Journal de L. de Christophe Tison - Chronique n°486
Titre : Journal de L.
Genre : Contemporain
Lu en : français
Date de parution : 2019
Nombre de pages : 286
Résumé : Ce roman est le journal intime d'un personnage de fiction. Plus d'un demi-siècle après la publication des carnets de son ravisseur par Vladimir Nabokov, Lolita se livre enfin. L'adolescente la plus célèbre de la littérature raconte son road trip dans l'Amérique des années 50, ses ruses pour échapper à son beau-père, ses envies de vengeance, ses amours cachées, ses rêves de jeune fille.
Résumé : Ce roman est le journal intime d'un personnage de fiction. Plus d'un demi-siècle après la publication des carnets de son ravisseur par Vladimir Nabokov, Lolita se livre enfin. L'adolescente la plus célèbre de la littérature raconte son road trip dans l'Amérique des années 50, ses ruses pour échapper à son beau-père, ses envies de vengeance, ses amours cachées, ses rêves de jeune fille.
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Un grand merci à Babelio et aux éditions de la Goutte d'Or pour cet envoi !
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S'emparer d'une oeuvre aussi majeure que le Lolita de Nabokov pour lui adjoindre un roman jumeau, c'est audacieux.
C'est même une gageure.
C'est pourtant le pari de Christophe Tison, qui livre ici un journal intime tenu avec application par l'adolescente, du début de son périple avec Humbert Humbert jusqu'à la résolution tragique de son histoire.
Mais bien loin d'un simple jeu de miroir, c'est un véritable basculement que l'écrivain opère ici. C'est en effet une nouvelle Lolita que l'on découvre, loin de la manipulatrice arrogante de Nabokov, de ses stratégies naïves et de ses postures provocantes. Lolita devient ici victime, brisée par un homme qui l'utilise et déchire toutes ses loyautés une par une pour en faire son pantin. Inutile de dire que le roman est dur, bouleversant, avec la plume froide et démunie d'une jeune fille agressée de la pire des façons qui soit, et qui sait pertinemment que toutes ses tentatives de rébellion sont vouées à l'échec. Il l'est aussi car Lolita n'est pas seule : se dessine derrière elle l'ombre de Christophe Tison, dont l'enfance fut elle aussi traumatisée par le spectre d'un adulte malveillant. On a donc un objet étrange entre les mains, à la fois confession intime et déchirante - d'autant plus qu'elle ne verse jamais dans la surenchère -, mais aussi expérience littéraire, roman fluide et prenant, quoique un peu maladroit par endroits - avec une Lolita qui paraît curieusement mature à certaines pages et carrément naïve à d'autres, ce qui pourrait cela dit relever du choix conscient de l'auteur - et enfin clair intermédiaire d'une indignation qui ne peut que susciter l'adhésion.
Le Journal de L. offre à ce classique de la littérature un nouveau visage, une nouvelle possibilité, celle de l'enfance volée, d'une justice à rétablir. La valeur de cette proposition dépendra de la volonté du lecteur d'accepter une version de l'intrigue aux antipodes de celle de Nabokov. Refusera-t-il ce retournement complet du personnage de Lolita, n'y voyant qu'un récit conventionnel trop éloigné de l’ambiguïté qui faisait tout l'intérêt du texte original ? Se réjouira-t-il au contraire cette réécriture à la fois personnelle et politique, y voyant une mise à jour bienvenue d'une histoire qui doit s'adapter à la sensibilité sociale actuelle ? Deux postures tout aussi valides l'une que l'autre, deux façons de juger la fiction, mais dans tout les cas, le début d'un débat crucial à nourrir constamment, aussi bien au sein des livres qu'au-delà.
S'emparer d'une oeuvre aussi majeure que le Lolita de Nabokov pour lui adjoindre un roman jumeau, c'est audacieux.
C'est même une gageure.
C'est pourtant le pari de Christophe Tison, qui livre ici un journal intime tenu avec application par l'adolescente, du début de son périple avec Humbert Humbert jusqu'à la résolution tragique de son histoire.
Mais bien loin d'un simple jeu de miroir, c'est un véritable basculement que l'écrivain opère ici. C'est en effet une nouvelle Lolita que l'on découvre, loin de la manipulatrice arrogante de Nabokov, de ses stratégies naïves et de ses postures provocantes. Lolita devient ici victime, brisée par un homme qui l'utilise et déchire toutes ses loyautés une par une pour en faire son pantin. Inutile de dire que le roman est dur, bouleversant, avec la plume froide et démunie d'une jeune fille agressée de la pire des façons qui soit, et qui sait pertinemment que toutes ses tentatives de rébellion sont vouées à l'échec. Il l'est aussi car Lolita n'est pas seule : se dessine derrière elle l'ombre de Christophe Tison, dont l'enfance fut elle aussi traumatisée par le spectre d'un adulte malveillant. On a donc un objet étrange entre les mains, à la fois confession intime et déchirante - d'autant plus qu'elle ne verse jamais dans la surenchère -, mais aussi expérience littéraire, roman fluide et prenant, quoique un peu maladroit par endroits - avec une Lolita qui paraît curieusement mature à certaines pages et carrément naïve à d'autres, ce qui pourrait cela dit relever du choix conscient de l'auteur - et enfin clair intermédiaire d'une indignation qui ne peut que susciter l'adhésion.
Le Journal de L. offre à ce classique de la littérature un nouveau visage, une nouvelle possibilité, celle de l'enfance volée, d'une justice à rétablir. La valeur de cette proposition dépendra de la volonté du lecteur d'accepter une version de l'intrigue aux antipodes de celle de Nabokov. Refusera-t-il ce retournement complet du personnage de Lolita, n'y voyant qu'un récit conventionnel trop éloigné de l’ambiguïté qui faisait tout l'intérêt du texte original ? Se réjouira-t-il au contraire cette réécriture à la fois personnelle et politique, y voyant une mise à jour bienvenue d'une histoire qui doit s'adapter à la sensibilité sociale actuelle ? Deux postures tout aussi valides l'une que l'autre, deux façons de juger la fiction, mais dans tout les cas, le début d'un débat crucial à nourrir constamment, aussi bien au sein des livres qu'au-delà.
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