Ça raconte Sarah de Pauline Delabroy-Allard - Chronique n°508

Titre : Ça raconte Sarah
Autrice : Pauline Delabroy-Allard
Editions : Editions de Minuit
Lu en : français
Genre : Contemporain
Résultat de recherche d'images pour "ça raconte sarah éditions de minuit"Date de parution : 2018
Nombre de pages : 192
Résumé : Ça raconte Sarah, sa beauté mystérieuse, son nez cassant de doux rapace, ses yeux comme des cailloux, verts, mais non, pas verts, ses yeux d’une couleur insolite, ses yeux de serpent aux paupières tombantes. Ça raconte Sarah la fougue, Sarah la passion, Sarah le soufre, ça raconte le moment précis où l’allumette craque, le moment précis où le bout de bois devient feu, où l’étincelle illumine la nuit, où du néant jaillit la brûlure. Ce moment précis et minuscule, un basculement d’une seconde à peine. Ça raconte Sarah, de symbole : S.

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Ca raconte Sarah, je savais que ça me ferait quelque chose.
Parce qu'on me l'avait dit, parce qu'on en a tellement parlé, parce que c'était l'unique roman présenté par les Editions de Minuit à la rentrée littéraire 2018, parce que ça raconte Sarah, et la narratrice, deux femmes amoureuses, deux femmes qui se révèlent autant qu'elles se torturent l'une et l'autre.

Ca raconte Sarah, c'est un drôle de petit livre.
Ça file comme un éclair, sans qu'on comprenne vraiment ce qu'on vient de traverser à travers sa plume nerveuse, fantasque, survolée, parcourue d'images aussi exotiques que frappantes. Ça interroge, ça chamboule, définitivement. Ça ne cherche pas à ménager son lecteur ou sa lectrice. Simplement à lui raconter la violence, l'absolu, et surtout la perte et l'infinité de façons dont on peut ne pas s'en remettre.


C'est l'histoire d'une narratrice sans nom, sans envies, sans but, dont Sarah débarque dans l'existence comme une explosion, renversant toutes ses idées préconçues et la propulsant dans une relation sublime, passionnelle, sans doute destinée à se fracasser à un moment ou à un autre.
Peu importe.
La seule chose qui compte, c'est Sarah, Sarah dangereuse, Sarah amoureuse, Sarah dont la présence devient vite indispensable à la narratrice éblouie.

La plume de l'autrice déploie une myriade de mots doux, de déclarations lyriques, de petits émerveillements intimes, mille et une façons de raconter la passion et l'art qu'elle a de faire croire à ceux dont elle s'empare qu'elle leur est unique et inédite. Et on est emporté, inévitablement. C'est énorme, cet amour, c'est excessif, presque toxique, mais on veut y croire malgré tout.

Survient la deuxième partie, celle de la maladie, de la disparition, de la destruction. La narratrice se perd. Le récit s'essouffle aussi un peu, à certains égards. On referme le roman hébété, perplexe, sans trop savoir quoi faire de cette histoire à la fois hors-normes et absurde dont on vient bien malgré soi de devenir protagoniste, à travers la fougue inouïe de la narratrice.

C'est un roman dont on voudrait parler avec d'autres. Le genre d'histoire qu'on ne peut pas aimer ou détester, mais qu'il faut simplement laisser décanter. Un récit en forme de choc. Une intrigue qui se veut impression davantage que leçon. Une proposition, furieuse, fervente, captivante à plus d'un égard. Un beau roman, vraiment. 

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