Bilan du mois [Février 2020]

Bonjour à tous et toutes !

Février a officiellement fait de moi une survivante à l'hiver québécois (qui s'avère en réalité plutôt plaisant, si si, promis), et m'a permis de me plonger dans de nouvelles lectures, encore et toujours, en parallèle des formidables possibilités de voyages et d'exploration qu'offre l'Amérique du Nord ! J'ai ainsi lu 11 romans ce mois-ci, dont de très, très belles découvertes, que voici désormais de façon détaillée :

Le coup de cœur du mois...

Le Tombeau d'Apollinaire de Xavier-Marie Bonnot : un fabuleux roman historique, hommage grandiose à l'oeuvre d'Apollinaire, parcouru de poésie, d'humanité, de lyrisme, bref, une réussite sur tous les plans. 

J'ai adoré...

Commonwealth d'Ann Patchett : l'un de ces romans qu'on pourrait simplement qualifier d'intimiste et de générationnel, mais qui va bien au-delà de ces poncifs et offre un récit poignant à l'atmosphère mélancolique plus que marquante, le tout servi par une plume tout en délicatesse et en suggestion.

Les Patriotes de Sana Krasikov : autre roman historique, cette fois-ci étendu sur tout le XXème siècle, lancé sur les traces d'une famille tiraillée entre l'URSS et les Etats-Unis. Un récit exigeant par sa longueur, ses détails et ses références, mais ô combien fouillé et instructif. 

La Maison d'Emma Becker : un ouvrage passionnant et extrêmement pertinent sur la prostitution, qui assume son point de vue subjectif pour en tirer une réflexion marquante sur la marginalité, l'émancipation, et surtout des relations et confrontations entre les désirs masculin et féminin. 

J'ai beaucoup aimé...

Three Women de Lisa Taddeo : un ouvrage au postulat plus qu'original : l'autrice a en effet passé huit ans à suivre et à s'entretenir avec trois femmes américaines, dans le but de décortiquer leur vie amoureuse, sentimentale et sexuelle, et d'en tirer un livre à mi-chemin entre le documentaire et la fiction. C'est intelligent, perturbant à plus d'un égard (face à des personnages aussi tiraillés, on en vient forcément à questionner sa propre définition de l'amour, du bonheur, du couple...), même si on aurait pu aspirer à un peu plus de diversité du côté des femmes décrites. 

Revenir à Vienne d'Ernst Lothar : un roman écrit tout juste après la Seconde Guerre mondiale par un écrivain autrichien aux prises avec la question de la reconstruction, du possible (ou non) retour, de la recomposition des alliances. A qui se fier après un tel désastre ? Faut-il privilégier la réconciliation ou la responsabilisation de chacun pour les actes qu'il ou elle a pu commettre au cours du conflit ? Un récit torturé, passionnant, remarquablement lucide pour un roman écrit si peu de temps après la fin de la guerre. 

J'ai bien aimé...

La Salle de Bal d'Anna Hope : pour être tout à fait honnête, je ne m'attendais pas à grand-chose avec celui-là, pas plus qu'une sympathique romance historique. Mal m'en a pris : c'est une belle proposition que La Salle de Bal, avec ses personnages distants et insaisissables mais touchants malgré tout, son récit que l'on sait sombre et condamné à le rester, mais où l'on décèle tout de même quelques touches (salvatrices) d'espoir et de résilience. 

Sous le soleil de mes cheveux blonds d'Agathe Ruga : un roman qui se lit d'une traite, comme une chanson mélancolique que l'on écoute presque en transe. L'histoire est peut-être un peu évanescente justement, avec des personnages fuyants, un récit prévisible par certains aspects et qui s'étire légèrement trop vers la fin, mais le tout reste marqué par une belle sensibilité et une plume élégante.

J'ai plutôt aimé...

L'Imposteur de Javier Cercas : un récit assez unique en son genre, très très centré sur le point de vue de l'auteur, qui tâche de retracer et surtout de comprendre la vie d'un imposteur qui a réussi à se faire passer durant des décennies pour un ancien déporté en camp de concentration et résistant anti-nazi et anti-franquiste. C'est (très, très) tortueux, intéressant toutefois à plus d'un égard, notamment sur la question du travail de mémoire et de l'héritage national(iste) en général. Un peu indigeste par moments cela dit !

Mitigée...

The Immortalists de Chloe Benjamin : un roman au résumé plus qu'alléchant (comment vivrait-on sa vie si l'on s'était fait prédire la date de sa mort par une voyante, enfant ?), qui suit quatre frères et sœurs aux prises avec la mort tout au long de leurs vies, de façon différente pour chacun. La proposition est intéressante, l'exécution un peu moins convaincante (manque de fil rouge, d'engagement, d'intensité, jeu sur pas mal de types et de clichés...). 

Un abandon...

Rouge Impératrice de Léonora Miano : vraiment, je n'aime pas laisser tomber une lecture - et je me suis d'ailleurs refusée à le faire pendant trop longtemps - mais j'estime que lorsque je ne parviens pas à accrocher à une histoire malgré tous mes efforts, m'acharner ne ferait que nuire à mon plaisir de lectrice et à l'intention de l'auteur ou de l'autrice. Ca a malheureusement été le cas avec Rouge Impératrice, dont le synopsis ambitieux m'avait plus qu'intriguée, mais dont la plume chargée, la construction opaque et l'histoire complexe m'ont très vite perdue. Dommage !

Sur ce, excellent mois de mars à vous !