Petit Pays de Gaël Faye - Chronique n°319
Titre : Petit Pays
Auteur : Gaël Faye
Editions : Grasset
Genre : Contemporain
Lu en : français
Nombre de pages : 228
Résumé : En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d’expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups. Un quotidien paisible, une enfance douce qui vont se disloquer en même temps que ce « petit pays » d’Afrique brutalement malmené par l’Histoire. Gabriel voit avec inquiétude ses parents se séparer, puis la guerre civile se profiler, suivie du drame rwandais. Le quartier est bouleversé. Par vagues successives, la violence l’envahit, l’imprègne, et tout bascule. Gabriel se croyait un enfant, il va se découvrir métis, Tutsi, Français…
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Petit Pays, c'est avant tout une sacrée réputation et une avalanche de prix littéraires. Il a ouvert le bal avec le prix du Roman Fnac et a ébloui le public en remportant le Goncourt des Lycéens... Avec une aura pareille et un auteur aussi charismatique, difficile de ne pas céder aux sirènes de l'ouvrage.
Et heureusement, vous dirai-je.
Petit Pays mérite en effet tout le bruit qu'il suscite. Incroyable mélange de violence et de douceur aux accents autobiographiques, il saisit dès les toutes premières pages son lecteur, lui signifiant bien qu'il s'apprête à plonger dans un récit important.
Pas de leçons de morale ou d'atmosphère pesante, bien au contraire. Il s'agit d'un récit d'enfance et d'espoir, bien qu'entaché par une véritable tragédie humaine, le génocide tutsi au Rwanda puis au Burundi, décrit d'une façon simple et d'autant plus frappante par le narrateur dès le premier chapitre. La grande force de l'ouvrage est bien de ne jamais basculer dans un pathos peu recommandable, mais bien de se maintenir dans un ton assez indescriptible mais terriblement convaincant. La voix prématurément brisée du narrateur arraché à son enfance émeut, passionne, touche. Les pages se tournent avec fébrilité alors que l'on assiste à la descente aux enfers d'un pays, au délitement d'un foyer, partagé entre un père belge impuissant et une mère rwandaise d'origine tutsie qui voit son Rwanda natal se déchirer et son Burundi d'accueil suivre son triste exemple.
Les bêtises d'une bande d'enfants désoeuvrés succèdent à des événements politiques de grande ampleur en toute fluidité, l'équilibre de l'oeuvre impressionne. L'écriture de Gaël Faye impressionne de fraîcheur et de maturité à la fois, séduisante aussi bien pour son authenticité que pour sa musicalité - rappelons que le monsieur, en plus d'être écrivain, est rappeur. Oui. Il est comme ça, pourquoi se contenter d'un talent.
L'écrivain mêle la voix de l'adulte qui se souvient à celle de l'enfant qui vit le conflit au jour le jour, et parvient à construire en 250 pages une impressionnante réflexion sur l'identité, l'appartenance, la loyauté, l'héritage. Et la reconstruction.
L'écrivain mêle la voix de l'adulte qui se souvient à celle de l'enfant qui vit le conflit au jour le jour, et parvient à construire en 250 pages une impressionnante réflexion sur l'identité, l'appartenance, la loyauté, l'héritage. Et la reconstruction.
On ressort de Petit Pays ébranlé, c'est évident, transporté, encore à moitié dans ce tout petit Burundi, étourdi par sa violence brûlante mais aussi sa véracité. Gaël Faye sait de quoi il parle. Et il nous initie avec succès à des fragments de cette terrible connaissance. Rien ne se passe, et pourtant tout se passe - alerte, phrase profonde. L'inactivité d'une enfance impuissante contraste le déchaînement de cruauté. Et c'est dans tous les sens du terme mémorable.
Note attribuée : 9/10
Note attribuée : 9/10
Ce livre a l'air touchant, très envie de le lire :) !
RépondreSupprimerJe te le confirme, il est à découvrir !
SupprimerCe livre a fait beaucoup parler mais je n'arrive pas à être tentée.
RépondreSupprimerJe comprends, parfois on peut être dégoûté par l'agitation et les phénomènes médiatiques... Mais promis, celui ci vaut le coup !
SupprimerJe crois qu'on a tellement entendu parler de ce livre que je ne peux plus le voir en peinture :/ C'est dommage parce qu'il a tellement de bons retours et ta chronique me donnerait presque envie (ce n'est pas à prendre pour toi hein haha, c'est juste une overdose). Je pense que je le lirai mais dans quelques temps :)
RépondreSupprimerC'est vraiment ennuyeux ce genre d'effet, je suis d'accord avec toi... C'est pour ça qu'on doit essayer de se couper de trop d'effervescence critique un peu trop unanime...
SupprimerJe sais parfaitement que ce n'est pas contre moi haha x) Tu fais bien, moi-même tu vois j'ai attendu huit mois, et ce ne sont pas huit mois de trop...
Ce livre doit être rien que pour le sujet très important qu'il traite. Parce qu'il ne faut pas oublié ces événements.
RépondreSupprimerC'est évident et pourtant on ne le fait jamais assez :/
SupprimerQuelle jolie chronique :)
RépondreSupprimerCe livre est dans ma wish list, hâte de pouvoir le lire ♡
Merci beaucoup, ça me va droit au coeur :D
SupprimerJ’ai été très touchée par ce roman ! Je ne l’oublierai pas de sitôt.
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