Génération K de Marine Carteron - Chronique n°323

"Je suis comme ces plantes qui naissent hors sol et que l'on fait pousser dans des mélanges liquides sous des serres de plastique : je flotte, les racines à vif, submergé par ma non-existence..."

Titre : Génération K
Auteure : Marine Carteron
Genre : Fantastique
Lu en : français
Editions : Editions du Rouergue (collection Epik)
Nombre de pages : 304
Résumé : Kassandre, Mina et Georg, tous trois un peu bizarres et révoltés, ont un point commun que la plupart des gens ignorent : un pouvoir terrifiant… D’un pensionnat luxueux en Suisse aux quartiers chauds de Naples, la traque commence car leurs dons sont convoités par de redoutables puissances.


------------------------------------------------



Ayant reçu d'excellents échos aussi bien à propos de sa saga Les Autodafeurs que de celle-ci, je me suis laissé tenter par cette intrigante et assez violente couverture rouge sang.

A raison.

Trois adolescents, à première vue, difficilement moins proches les uns des autres.
Kassandre, issue d'un clan aristocratique millénaire dont elle n'est, comment dire, pas vraiment admirative, qui marque son profond désaccord avec la mentalité familiale par moult tatouages, provocations et éloges de groupes de metal. 
Georg, et surtout pas Georges, le patronyme qu'on lui a attribué lorsqu'il a été trouvé, enfant, sur les marches d'une église, délinquant multirécidiviste qui tente d'échapper à ses démons autant qu'à ses geôliers. 
Mina, mère domestique, père inconnu, point final. Même s'il pourrait s'avérer que la moitié inconnue de son patrimoine génétique soit plus pimentée que prévu. 
Tous trois vont bien évidemment être confronté à de grandes révélations et s'avérer avoir bien plus en commun qu'ils ne le pensent... 


Alors oui. Vous pensez actuellement qu'il s'agit d'une énième histoire bancale de pouvoirs et d'âmes reliées. 
QUE NENNI. 
Ecoutez plutôt.

Non content de livrer une intrigue déjà très prenante à elle seule, cet ouvrage vient donner un sérieux coup de frais à de trop nombreux stéréotypes du roman jeunes adultes fantastique. 
Ce texte sonne profondément juste. Il n'est bien sûr pas réaliste dans le sens strict du terme puisqu'il déploie, avec talent d'ailleurs, tout un univers mythologique, mais il se révèle juste dans la façon avec laquelle il exprime la rage de vivre et d'affrontement de ses protagonistes, juste dans sa description les riches décors qu'il donne à voir, dans ses dialogues piquants et entraînants, dans son rythme mouvementé mais tout sauf chaotique.

Les personnages principaux sont tout aussi bien travaillés les uns que les autres, attachants malgré leurs défauts parfois... patents, et apportent chacun leur touche de vie au texte. Ils sont loin de se résumer à trois traits de caractère défaillants comme c'est trop souvent le cas dans certains romans fantastiques qui préfèrent l'originalité de l'univers à la complexité du personnage : ici, c'est bien simple, les deux sont bien creusés et se nourrissent l'un l'autre. La provocation de Kassandre, la dérision de Georg et la sensibilité de Mina rythment l'avancement du récit et attachent fermement le lecteur au destin du trio.

La saga montre sans aucun doute qu'elle a vocation à prendre de l'ampleur et à créer un véritable déferlement d'action, qu'elle a su parfaitement préparer au cours de ce premier tome sans la moindre longueur ou lourdeur. 

En bref, un premier tome bien construit et convaincant en tous points, juste dans son ton et sa forme, tout comme dans la façon dont il introduit ses personnages et ses enjeux. Marine Carteron se fraie un chemin en faisant bien attention à éviter l'écueil que constituent tous les clichés du genre pour livrer le début d'une saga prometteuse, dynamique, prenante et divertissante... Et pourquoi pas une subtile métaphore du sentiment de décalage de l'adolescence ? 
Je dis, oui.

A très bientôt, Génération K

Note attribuée : 8/10

Commentaires

  1. Réponses
    1. Héhé merci Kassandre, c'est pas tous les jours que j'ai le plaisir de parler à des personnages que j'apprécie ;)

      Supprimer
  2. J'avais déjà repéré ce roman au salon de Montreuil et ton avis fait très envie, ce titre est bien noté ^^

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bien vu, c'est à mon avis un titre qui ne te décevra pas !

      Supprimer
  3. J'ai adoré ce premier tome, j'espère vraiment sortir le 2 de ma pal au plus vite !!
    Je suis aussi une grande fan des Autodafeurs !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je sais, j'ai vu tes chroniques... promis je vais m'y pencher de plus près !

      Supprimer
  4. J'avais vu ce livre plusieurs fois sans vraiment m'y intéresser mais je dois qu'il semble pas mal. Ton avis donne envie d'en savoir plus :)

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Pourquoi faire un film en noir et blanc en 2021 ? [Capucinéphile]

La Disparition de Stephanie Mailer de Joël Dicker - Chronique n°426

Une Femme d'Anne Delbée - Chronique n°427

J'avoue que j'ai vécu de Pablo Neruda - Chronique n°517

À la place du cœur d'Arnaud Cathrine — Chronique n°241