Bonjour à tous et toutes !
Quel mois, mes aïeux.
Vous l'aurez remarqué, les deux dernières semaines ont été un peu submergantes de mon côté : disons qu'entre les cours, les tours et détours de la situation sanitaire, mes propres projets et tout un tas d'obligations aussi variées que peu intéressantes, j'ai pris un peu de temps pour retrouver un équilibre. Me revoici enfin plus motivée que jamais, prête à vous parler à nouveau de littérature, de culture et de tout un tas d'intérêts spécifiques.
Sur ce, voici le bilan de ce mois de chaos et d'errements, avec pas moins de 12 ouvrages achevés de mon côté.
Relecture qui m'a à nouveau atomisé mon petit cœur...
La Promesse de l'Aube de Romain Gary : je l'ai lu en troisième, ce sacré roman. C'était tôt, c'était très tôt dans ma vie de lectrice, l'un des premiers romans que j'ai véritablement compulsés, parcourus d'un bout à l'autre, médités et retenus, au point que j'en avais mémorisé sans m'en rendre compte des pans entiers. C'est ce que j'ai constaté en le relisant enfin, sept ans (gloups) après l'avoir découvert. Les mots ont pris une ampleur nouvelle, la structure me frappe d'autant plus par son intelligence et sa pertinence, l'ironie merveilleuse de Gary ne me paraît que plus brillante, mais le tout reste, inchangé. Le vertige, l'attendrissement, et un formidable sentiment de gravité amusée.
J'ai adoré...
Bénie soit Sixtine de Maylis Adhémar : un premier roman touchant, qui parvient à créer avec une réelle efficacité une intrigue qui fonctionne comme un étau autour d'une héroïne dont la candeur et la combativité ne peuvent qu'inspirer la sympathie du lecteur. Le tout reste un peu sage, voire très académique, et on aurait aimé davantage de subversion, de complexité et de passion, mais le récit reste très bien mené et tout à fait réussi.
L'Autre de Julien Green : un roman tout en retenue et en subtilité, sombre (vraiment très sombre), empli de gens aigris et malheureux qui se sont aimés trop vite, trop tard ou trop fort, d'autres qui les jalousent, d'autres encore qui se font des reproches, le tout porté par une plume sobre et intense, un décor bien glauque comme on aime et une tension impeccablement intenable. On adore.
J'ai beaucoup aimé...
My Year of Rest and Relaxation d'Ottessa Moshfegh : un livre qui m'a complètement cueillie, ébahie, stupéfaite. Je ne saurais sans doute même pas dire quelles attentes je nourrissais à son égard, mais quoi qu'il en soit, ce bouquin a su complètement les déjouer.
L'Asphyxie de Violette Leduc : je le répète, j'aime, j'adore Violette Leduc, sa sensibilité au-delà de ce monde et sa plume unique en son genre, exaltée, sublime et sordide. Le fond de ce texte-ci m'a moins captivée que n'a pu le faire Ravages, mais cela restait évidemment une lecture plus qu'appréciable, avec un récit déroutant empli de belles propositions.
Testament à l'anglaise de Jonathan Coe : après Le Coeur de l'Angleterre, j'avais bien envie de lire davantage de Jonathan Coe, et j'ai jeté mon dévolu sur le très apprécié Testament à l'anglaise, dont j'ai énormément apprécié les premières centaines de pages, mais dont j'ai trouvé qu'il ressassait un peu trop sa formule au fil de l'intrigue, jusqu'à donner l'impression de tourner quelque peu en rond. La satire est poussée avec un tel acharnement et renouvelée avec une telle constance qu'on cesse assez vite d'être surpris pour n'être plus que complice de l'auteur : c'est assez pour être amusé jusqu'au bout, mais trop léger pour être vraiment convaincant ou subversif.
Screening Sex de Linda Williams : ouvrage lu dans le cadre de mon cours de sociologie de la création (oui ok je vous raconte ma vie que voulez-vous c'est ainsi), une étude assez complète et assez intéressante de comment le cinéma américain a appris dans la seconde moitié du XXème siècle à représenter (plus ou moins bien) la sexualité de ses personnages, dans un contexte plus général de libération/révolution sexuelle.
J'ai bien aimé...
Une Nuit avec Jean Seberg de Marie Charrel : un roman duquel j'attendais beaucoup (beaucoup), sans doute un petit peu trop, mais qui a malgré tout su me faire passer un agréable moment de lecture. Beaucoup de jolies promesses et de thématiques touchantes, mais sans doute trop de retenue pour que le plein potentiel émotionnel du roman me frappe vraiment.
Francis Rissin de Martin Mongin : un OVNI romanesque dont j'ai énormément apprécié certains chapitres (quelle entrée en matière que le tout premier chapitre !), franchement eu du mal avec d'autres (c'était parfois... vraiment... long), projet unique en son genre, extrêmement technique, fourmillant de détails, roman à clé qui laisse peu de place à l'émotion, à la chair, aux débordements, et qui était peut-être un peu trop fait de tiroirs et de détails érudito-pragmatiques pour capter jusqu'au bout mon attention.
Putzi de Thomas Snégaroff : roman très intéressant sur tout un tas d'aspects, très fouillé, parfaitement documenté, très justement calibré, et c'est peut-être là la raison pour laquelle je n'en ferai pas de critique plus enthousiaste qu'un simple "c'était vraiment très bien". C'est un très bon récit, avec juste ce qu'il faut de part de fiction/élaboration, un fond historique très rigoureux, une plume claire et dégagée de toutes fioritures... ce qui fait à la fois la force et la faiblesse de ce texte très soigné et très appliqué : c'est un très bon essai romancé, voire un texte léché, mais sans doute pas un roman d'une audace folle ni d'une inventivité marquante... Ca ne cherche cela dit sans doute pas à l'être : à découvrir donc si vous êtes intrigué par l'histoire d'un proche méconnu d'Hitler devenu informateur des Etats-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale. Je suis mitigée...
Les Variations Sentimentales d'André Aciman : un roman qui m'a très (très) vite lassée, une sorte de version bêta de Call me by your name sans la sensualité, la sensorialité du décor, la beauté des relations amicales et familiales, la justesse du propos sur le pouvoir, l'influence, l'émulation et l'émerveillement, bref, un récit certes toujours intéressant par sa façon de questionner le désir (et surtout sa multiplicité), mais rien qui ne va réinventer le fil à couper le beurre.
J'ai été déçue...
L'Intimité d'Alice Ferney : un roman qui commence fort (très fort), et offre donc des promesses (des vraies), mais qui m'a malheureusement fait d'un soufflé retombé (assez vite hélas). L'Intimité cherche à raconter la parentalité, surtout en-dehors du cadre nucléaire traditionnel, l'amour et comment on le réinvente, les enfants, pourquoi on les désire et ce qu'on leur transmet. Mais là où j'attendais des questionnements inventifs, délicats et pourquoi pas subversifs autour de ces thématiques immensément pertinentes, je n'ai trouvé qu'une plume trop analytique, trop de dialogues mais si peu de chair, trop de décorticages sans réelle chair, sans réelle vitalité, comme si l'autrice avait voulu plaquer des théories ou des idées sur des personnages de papier sans vraiment leur laisser la place d'exister. Ajoutez à ça une intrigue vraiment réductrice sur ce qu'est la GPA ou l'asexualité, et vous aurez un bon panorama des raisons pour lesquelles je suis passée à côté de ce récit.
Sur ce, je vous souhaite le plus apaisé des mois de novembre (on s'adapte, on s'adapte) !
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