Bilan du mois [Décembre 2019]
Bonjour à toutes et tous !
J'ai adoré...
J'ai beaucoup aimé...
J'ai bien aimé...
J'ai plutôt aimé...
J'ai été déçue...
Décembre fut intense, décembre fut magnifique, décembre fut le point d'orgue d'une magnifique année. Ça n'a pas forcément été un mois de grandes découvertes littéraires, étant donné mon bilan mi-figue mi-raisin, mais j'en reste extrêmement satisfaite puisque j'y ai dévoré 13 romans, dont beaucoup que je souhaitais découvrir depuis la rentrée littéraire de septembre. Décortiquons ensemble cette liste d'ouvrages hétéroclites :
J'ai adoré...
Une Apparition de Sophie Fontanel : une petite pépite de poésie, de méditation joyeuse, d'harmonie intérieure, un moment que j'ai adoré passer avec son autrice au fil de sa transformation capillaire, alors que celle-ci assume semaine après semaine ses cheveux de plus en plus blancs. Si j'osais le dire : lumineux.
J'ai beaucoup aimé...
Femme de Tête d'Hanne-Vibeke Holst : le dernier tome de la trilogie politique danoise que j'ai dévorée cet automne, un peu en-dessous du premier, trop long et un peu répétitif parfois, mais c'est toujours un immense plaisir que de se plonger dans les arcanes de jeux politiques qu'Hanne-Vibeke Holst décrit avec un grand sens du détail et de l'être humain.
The Seven Husbands of Evelyn Hugo de Taylor Jenkins Reid : une lecture "facile" dans le sens où elle joue surtout sur l'attachement que l'on éprouve pour ses personnages plutôt que sur l'originalité de l'intrigue ou des mécanismes déployés, mais comment le lui en vouloir, tant elle le fait avec talent ? On s'attache outre-mesure à l'héroïne, Evelyn Hugo, au récit de sa vie lumineuse, exposée, déchirée, à l'univers du Old Hollywood où on s'amuse à déceler de petites touches de vérité historique, aux retournements d'une intrigue amoureuse maîtrisée qui ne fait pas de concessions en termes de qualité du rythme et de la construction du récit, bref, j'avais besoin de ce roman au cœur de mon hiver glacial et je lui suis immensément reconnaissante.
La Débâcle de Romain Slocombe : un roman historique formidablement écrit dans sa première moitié, très prenant, qui rend avec une efficacité et une vivacité incroyables la pagaille monstrueuse que fut l'Exode de juin 1940 en France. Le roman devient inutilement agité, graphiquement violent et confus dans ses derniers chapitres, mais il fait preuve d'une telle ambition tout au long du récit qu'on le lui pardonne aisément.
The Mars Room de Rachel Kushner : un roman que je ne m'attendais pas à apprécier plus que cela étant donné les critiques assez mitigées qu'il a reçues, mais qui m'a finalement vraiment plu. Récit tortueux et sombre décrivant le sort d'une jeune femme doublement condamnée à une incarcération à perpétuité. Excellente première moitié notamment, avec une narration bouleversante, incarnée, impitoyable. Le récit s'éparpille un peu plus dans sa seconde moitié, mais reste plus que recommandable.
J'ai bien aimé...
Les Choses Humaines de Karine Tuil : j'ai déjà (beaucoup) eu l'occasion de m'exprimer sur ce roman, mais pour faire court : sujet intéressant traité avec équilibre et exhaustivité, plume efficace mais toujours aussi peu vivante et sensorielle, présente les faits décrits avec une implacabilité radicale, mais un propos qui aurait encore pu gagner en pertinence s'il avait assumé plus d'humanité, d'aspérités.
Le Président des Ultra-Riches de Monique et Michel Pinçon-Charlot : un court ouvrage implacable, peut-être moins riche conceptuellement parlant que les autres livres des Pinçon-Charlot, mais tout à fait efficace dans son propos néanmoins. On est d'accord ou non, mais le travail de documentation et de compilation vaut le détour.
J'ai plutôt aimé...
La Part du Fils de Jean-Luc Coatalem : un roman assez difficile à approcher, très personnel, presque comme un soliloque auquel on assiste, à la fois intrigué et irrémédiablement étranger au propos. Témoignage d'un homme en quête d'informations sur son grand-père englouti par le passé, La part du fils offre un moment littéraire et mélancolique assez fort, quand bien même son côté"insaisissable" n'en fait pas une oeuvre à laquelle on s'attache.
La Tentation de Luc Lang : un roman superbement écrit, trop long pour une intrigue finalement assez peu dense. Il y aurait eu moyen de tailler dans le gras et de livrer un très court roman fulgurant, à la façon d'une novella anglosaxonne, mais ici, c'est beaucoup de prises de tête, de descriptions, et d'envolées lyriques qui tournent assez vite en rond.J'ai été déçue...
Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon de Jean-Paul Dubois : le prix Goncourt 2019 n'a hélas pas été une réussite pour moi. Certes très bien construit et écrit, son intrigue n'est absolument pas entrée en résonance avec moi, d'autant plus que son manque de recherche sur la culture québécoise m'a paru assez aberrant : on a des faits bien listés, des lieux bien décrits (et encore, Montréal brille par son absence alors même que le narrateur est censé y avoir vécu des années et des années), mais l'écrivain ne rend justice ni à la culture, ni à la langue, ni aux gens du Québec.
Le Bal des Folles de Victoria Mas : j'en ai encore une fois beaucoup parlé, mais un roman clairement décevant à mes yeux, qui partait d'une formidable idée mais ne l'explique pratiquement pas (à peine quelques pages à la fin, et au second plan de l'action plus qu'autre chose), et se repose sur les parcours de personnages assez désincarnés et en somme, assez oubliables.
Le Ciel par-dessus le toit de Natacha Appanah : je n'avais déjà pas vraiment été conquise par Tropique de la Violence, je suis tout aussi sceptique après Le ciel par-dessus le toit. Des textes à mon sens trop formels, pas assez incarnés, pas assez touchants... De vraies qualités d'écriture bien sûr, mais un ensemble qui relève à mon sens davantage de l'exercice stylistique.
Innocence d'Eva Ionesco : assez déçue par la façon dont ce témoignage poignant était raconté : trop long, répétitif, avec une façon déconcertante d'offrir des moments d'introspection, et une atmosphère ambiante de malaise qui n'aide pas à se plonger dans le récit.
Sur ce, très bon mois de janvier et très belle année à vous !
Commentaires
Enregistrer un commentaire