The Hate U Give d'Angie Thomas - Chronique n°339

Titre : The Hate U Give
Auteure : Angie Thomas
Genre : Contemporain
Editions : Walker Books
Lu en : anglais
Nombre de pages : 438
Résumé : Sixteen-year-old Starr Carter moves between two worlds: the poor neighborhood where she lives and the fancy suburban prep school she attends. The uneasy balance between these worlds is shattered when Starr witnesses the fatal shooting of her childhood best friend Khalil at the hands of a police officer. Khalil was unarmed.


Soon afterward, his death is a national headline. Some are calling him a thug, maybe even a drug dealer and a gangbanger. Protesters are taking to the streets in Khalil's name. Some cops and the local drug lord try to intimidate Starr and her family. What everyone wants to know is: what really went down that night? And the only person alive who can answer that is Starr.

But what Starr does or does not say could upend her community. It could also endanger her life. 


------------------------------------------------------------------------

This is an important novel.
One of these books that, while being read, appears more and more worthy of discovering. 
One of these stories that you know, even before you have finished it, you will recommend to each and everyone.
One of these few works that succeeds offering both an highly entertaining and realistic plot and an essential and timely message.

This is Starr speaking.
Sometimes with a shaking and insecure voice, but still, she is speaking.
She has to tell the world about what she saw.
About this cop who murdered her friend for no other reason than the color of his skin. 
About this racism that everyone claims to be dead and buried but that is still devastating, as vicious and violent as it has always been. 
About her life as an African-American teenager, studying at a all-white-and-privileged high school, where she has to avoid using slang, control her behavior, because what would be seen as cool or rebellious for white teens would seem offensive and scaring with her. 

People have to read The Hate U Give. First, because it is an amazing book you won't be able to put down. You will rarely have the opportunity to be confronted to such a believable narration. This is a teenager speaking, describing a highly realistic family whose feelings and bonds are deepened in a unique way in YA. Starr explains what might happen in a teenager's head, what are her expectations for her future, and her fears as well. The story is told in an amazingly powerful and moving way, led by a highly-reliable voice and a beautiful writing.

On the other hand, at an equally important level, this is also a book inspired by the Black Lives Matter movement, a call out for tolerance and awareness. This story might not be authentic, as Starr remains a fictional character, but the events depicted are real. This is happening. Unarmed African-American people are being shot by policemen. It has been happening for decades, with an alarming list of victims growing every year. And it is going on ever since.
In a very personal way, this book opened my eyes on privileges I have as a white person, because I will never have to worry about the way I behave around policemen. As I never think about the way my gestures, voice, words might be analyzed in function of the color of my skin. 
Khalil, Starr's friend, never had this kind of privilege. 
His fate was not imagined out of the blue because the author was seized by some kind of fancy. 
It is horrifying. It is unfair. And more importantly, it is real.

The main strength of The Hate U Give is this subtle balance between the strength of its message and its capacity to break your heart and convince your with only a few paragraphs. It manages capturing relationships with a accuracy : nothing escapes the scope of the author's eye, whether is it friendship, love, family, identity, adulthood, or loyalty. 

We must open our eyes.
And this book will help us doing it.

---------------------------------------------------------------

Il faut lire ce livre.

Il s'agit de l'un de ces romans dont l'on sait avant même de le refermer que l'on va parler de lui un certain temps. 
Une de ces histoires qui marquent aussi bien par la force de leur message que par la maîtrise de leur dimension romanesque.
Un récit qui fait l'unanimité chez les lecteurs anglophones. 
Un livre qui happe, émeut, horrifie, ouvre les yeux. 

Ceci est l'histoire de Starr.
Elle a dix-sept ans. La peau noire.
Elle a un meilleur ami. Elle l'avait.
Jusqu'à ce qu'il se fasse tirer dessus par un policier.
Il n'était pas armé.
Il n'avait rien volé, rien transgressé, rien fait de mal.
Si ce n'est être né Afro-Américain dans un pays qui ne s'est pas encore débarrassé des traumatismes de la ségrégation, quoi qu'on en dise. 

Starr a peur.
Peur que ce drame ne se reproduise.
Peur de ne pas savoir quel rôle elle a à jouer.
Peur de voir l'identité de son ami Khalil trahie, alors que les médias ne se concentrent que sur son activité supposée de dealer, négligeant l'injustice commise, et que la machine juridique s'emballe dans une direction qu'elle redoute. 

Elle doit agir. Mais comment ? Avec quelle prise de risque ? 

Il y a une chose majeure à dire à propos de ce livre : ce n'est pas qu'un roman à message. Certes, il a été inspiré par le mouvement Black Lives Matter et a indéniablement pour but de sensibiliser à cette cause.
Mais ce n'est pas tout.
Ce n'est pas une coquille vide, sèche, sans âme. 
C'est un roman juste, puissant, touchant, qui saisit le lecteur dès la toute première page et ne le lâche jamais. Porté par la voix de sa narratrice, le livre déroule tout un spectre de thématiques et de situations aussi émouvantes qu'authentiques.

On a rarement vu une famille décrite avec autant de justesse dans un roman YA, où les liens familiaux sont souvent réduits à quelques dialogues du style "mes parents me saoulent" et "vous ne me comprenez pas". Ici, c'est bien des éclats de vie que l'on capture, au coeur de la tourmente aussi bien que dans les instants les plus authentiques du quotidien. Rien n'échappe au regard perçant et sagace de l'auteure : ni l'amitié, ni l'amour, ni l'identité, ni la loyauté. The Hate U Give pose un dilemme perçant : Starr doit-elle se taire pour se protéger, mais trahir à ses yeux et à ceux de sa communauté la mémoire de Khalil, ou élever la voix, dire la vérité, au risque de se mettre elle-même en danger, sans avoir la garantie d'être entendue ? Doit-elle renverser l'image d'elle qu'elle a mis des années à construire dans un lycée blanc et privilégié où elle se censure en permanence, veillant à ne rien dire ou faire qui puisse la désigner comme "racaille" ? Comment parvenir à regarder ses amis blancs dans les yeux, eux qui ne manifestent en mémoire de Khalil que pour sécher les cours et qui estiment qu'après tout... il dealait de la drogue, quoi...

The Hate U Give, non content de disposer de cette maîtrise romanesque si convaincante, se double d'une dimension essentielle : la dénonciation d'événements aussi effarants qu'authentiques. Des Afro-Américains non-armés se font assassiner par des policiers dans des circonstances qui ne le justifient pas. Ce n'est ni anecdotique, ni exceptionnel, ni pardonnable. La liste s'allonge d'année en année, il suffit de lancer une recherche pour le réaliser. Et on n'en parle pas. On considère que le racisme appartient au passé, que les tragédies comme celles de Rodney King, un de ces hommes dont le meurtre dans les années 80 à Los Angeles avait fait scandale, sont révolues. Mais ce n'est pas le cas.
Et ce livre, avec sa force, sa justesse et sa sensibilité, ouvre les yeux. Il fait prendre conscience à certains lecteurs de leur chance de ne pas avoir à s'inquiéter outre-mesure de leur attitude en face de policiers. De ne pas être considéré comme suspect par défaut. 
Ce n'est pas le cas pour tout le monde.
Ca n'a pas été le cas pour Khalil, dans le roman. Ni pour tant d'autres, dans la réalité.

Voilà pourquoi The Hate U Give doit être placé entre toutes les mains qui s'y sentent prêtes. Il est excellent dans tous les sens du terme, grave, beau, marquant, il fait l'unanimité outre-Atlantique, et ce n'est pas sans raison. Il s'agit sans le moindre doute d'une de mes plus belles lectures de l'année, et peut-être même d'une de mes plus belles lectures tout court. 

Note attribuée : 10/10



Commentaires

  1. Woooow tu donnes vraiment envie :D

    RépondreSupprimer
  2. J'aime bien lire des livres qui abordent la ségrégation ou le racisme aux Etats-Unis. Même si c'est un sujet dur, je trouve que c'est "intéressant" à lire.

    RépondreSupprimer
  3. Comme tu donnes envie avec ta chronique ! Mais bon je savais déjà qu'il me le fallait héhé. Je n'ai entendu que des avis dithyrambiques :D

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Pourquoi faire un film en noir et blanc en 2021 ? [Capucinéphile]

La Disparition de Stephanie Mailer de Joël Dicker - Chronique n°426

Une Femme d'Anne Delbée - Chronique n°427

J'avoue que j'ai vécu de Pablo Neruda - Chronique n°517

À la place du cœur d'Arnaud Cathrine — Chronique n°241