Bonjour bonsoir,
C'était tout de même bizarre, ce drôle de mois de novembre, qui a duré à la fois dix minutes et vingt-cinq ans (oui, je sais, j'en suis rendue au stade où je fais des commentaires sur le temps qui passe et sa relativité, mais que voulez-vous, trois mois de cours sur Zoom et d'absence de vie sociale, ça laisse forcément des traces). (Promis je vais faire un effort pour ne pas être trop acerbe dans ce bilan.) (En même temps je suis fatiguée.) (Je l'avoue.)
J'y ai pour ma part achevé huit romans, avec l'une de mes meilleures lectures de l'année (Francesca, c'est pour toi), un très beau titre de Murakami, et pas mal de romans "mouais c'était bien" (vous savez, ce genre de lectures dont on profite sincèrement sur le coup mais dont on n'est pas non plus certain qu'elles laisseront de trace impérissable à long terme). En voici donc le bilan :
Le coup de coeur du mois...
Elle a menti pour les ailes de Francesca Serra : vraiment pas les mots pour celui-là, si ce n'est que je ressens à l'égard de la plume de cette autrice un amour infini. Madame Francesca Serra, s'il vous plaît, laissez-moi lire votre liste de courses, je suis sûre qu'elle est pleine de métaphores et j'ai hâte de m'en gorger.
Bon, et si vous tenez à lire un avis un tant soit peu plus sérieux et connaître les raisons précises de mon enthousiasme débordant à propos de ce roman (et croyez-moi, il l'est), je vous renvoie à ma chronique, ce sera sans doute plus productif.
J'ai adoré...Underground d'Haruki Murakami : Ouvrage très, très marquant de ce fameux Murakami que je commence à bien connaître (on est limite potes lui et moi à ce stade), cette fois-ci dans un genre tout à fait différent de ce que j'ai pu lire de lui (moins d'adolescents dépressifs et en dépendance affectif, plus d'approche documentaire et de témoignages), en revenant avec rigueur, équilibre et érudition sur un épisode particulièrement poignant et non moins particulièrement méconnu de l'histoire japonaise, à savoir les attaques terroristes au gaz sarin perpétrées en mars 1995 par une secte nommée Aum. C'est intelligent, terriblement émouvant, beau presque dans la justesse et la pudeur avec laquelle le récit laisse les témoignages des victimes s'enchaîner, et particulièrement hantant.
Pour les curieux.ses, chronique par ici.
J'ai beaucoup aimé...
The Queen's Gambit de Walter Trevis : le fameux bouquin tiré de la fameuse série, voilà, je ne m'appesantirai pas une demi-heure là-dessus (
pour la simple et bonne raison que je l'ai déjà fait dans cet article), mais retenez que c'était parfait comme bon roman d'intrigue et de divertissement pour m'arracher à mon super semestre vraiment très léger et facile et réjouissant (ouais bof), que c'était parfaitement construit et orchestré, qu'en réalité la série n'a pas inventé grand-grand-chose scénaristiquement parlant, que ça manquait peut-être quand même un peu de chair, mais que ça restait très plaisant.
Les Cerfs-Volants de Romain Gary : le genre de livre qui traîne dans votre bibliothèque depuis une époque où vous étiez bien trop jeune pour le lire, que vous vous décidez un jour à ouvrir, et que vous vous félicitez d'avoir attendu avant de le découvrir. Les Cerfs-Volants est un très, très chouette roman (surtout dans sa première moitié, allez savoir pourquoi, mais j'ai toujours du mal avec les secondes moitiés des romans de Gary, je sais pas, ça traîne, ça devient quand même très très masculin, militaire et répétitif), avec de véritables fulgurances dans ce premier chapitre (ces scènes avec l'oncle, les cerfs-volants, la rencontre de Lila, j'ose espérer que ça a été adapté au cinéma, autrement ça relève de l'urgence artistique absolue). La fin m'a donc moins marquée, mais il s'agissait malgré tout d'une lecture plus que convaincante (bon certes on parle de Romain Gary, je ne vais donc pas vous faire l'affront de dire que c'est diablement maîtrisé au niveau du style, mais je le pense très fort).
Le Chant de Dolorès de Wally Lamb : un roman assez indescriptible, au point que je ne saurais même pas vraiment vous dire si je l'ai apprécié ou non (oui, ok, certes, c'est mon job de vous dire ça, je sais). Je ne peux d'une part pas nier que j'ai été emportée, que les six cent pages du récit n'ont pas fait long feu entre mes mains, et que j'ai été très touchée par la façon dont l'auteur parvient à décrire la lenteur de la guérison, la violence du traumatisme et la beauté de la reconstruction de cette héroïne bouleversante, mais aussi parfois frustrée, si ce n'est dérangée, par le style très froid et très descriptif dont l'auteur ne se détache jamais. C'est répétitif parfois, très pertinent le plus souvent dans son analyse du stress post-traumatique et de la maladie mentale, mais voilà, le choix de point de vue et le style même du récit laissent malgré tout persister une forme de retenue, si ce n'est d'analyse un peu froide qui m'a, je l'avoue, laissé un goût d'inachevé en bouche une fois le dernier chapitre achevé.
J'ai bien aimé...
Broadway de Fabrice Caro : un sympathique roman que l'on lit d'une traite avec sourire et légèreté, plus réussi que Le Discours à mon sens, mais peut-être encore un peu trop flottant, expéditif et à ce titre peu mémorable. C'est du bon divertissement, bien réfléchi et bien servi, mais ça ne laisse pas d'empreinte indélébile non plus...
Confessions d'un masque de Yukio Mishima : roman très particulier qui m'intriguait depuis longtemps, classique de la littérature japonaise, oeuvre d'un écrivain manifestement très porté sur l'autofiction, l'introspection et la contemplation. J'ai beaucoup apprécié l'atmosphère générale du roman, cette espèce de malaise, de mélange de langueur et de douleur, cette découverte de soi aussi douloureuse que nécessaire, la retenue surtout qui marque tous les actes du narrateur... j'en garde aussi une certaine frustration : on aimerait malgré tout que ça s'énerve un peu plus.
J'ai été déçue...
Le Chagrin de Lionel Duroy : un roman que j'étais impatiente de lire depuis un bout de temps, notamment pour mieux comprendre Nous étions nés pour être heureux, que j'avais lu au printemps et qui constituait le deuxième volume de cette saga très (très) autobiographique. Après avoir (un peu) subi les quelque 650 pages que compte ce roman-ci, force est de l'admettre : je n'accroche que très peu à la plume très descriptive et au récit très linéaire, finalement très plat qu'offre Duroy, avec l'histoire d'une famille certes chaotique et donc très romanesque, mais pas tellement touchante, un peu diluée par un monologue très monocorde et une plume qui peine à s'envoler (que voulez-vous, j'aime le lyrisme).
Sur ce, excellent mois de décembre (quoique déjà bien entamé) à vous !
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