Bilan du mois [Septembre 2020]

Bonjour à tous et toutes !

Le mois de septembre a été celui de toutes les belles rencontres et autres découvertes marquantes pour moi, avec la promotion de mon roman (vousêtesaucourantquej'aiécritunroman ?, ma rentrée en master, et tout un tas de souvenirs qui ont fait de ces quelques semaines mi-chaotiques mi-jubilatoires un très très beau moment de ma petite vie. 

Voici donc, afin de couper court à ce terrible élan sentimental, la liste des 12 romans que j'ai lus ce mois-ci :

Le coup de cœur du mois...

Ravages de Violette Leduc : énorme révélation littéraire, le genre de livre qu'on se bénit d'avoir choisi un peu par hasard en librairie. Un pur OVNI aux choix singuliers (pour ne pas dire déroutant), dispersé tout au long d'une narration ultra-sensible, ultra-sensorielle et ultra-subtile, avec un sens de la synesthésie juste sidérant, une exaltation des émotions délirante de justesse, et une dissection de ce que sont la marge, la féminité, la maladie et l'amour tout juste brillante.

Le genre de livre dont on ne peut pas dire "c'était bien ou pas bien" mais juste "lisez-le"...

Le Consentement de Vanessa Springora : un livre que je ne qualifierai pas de "bouleversant", parce que vraiment, l'adjectif "bouleversant" est sans aucun doute le terme plus galvaudé de tous les temps, mais honnêtement, ça n'en est pas loin. Ca remue, ça indigne, ça trouble et ça dérange. C'est vrai, et c'est maintenant. Encore, toujours. C'est maintenant que ça dure encore, que c'est encore passé sous silence, que c'est permis par tout un système de pouvoirs déséquilibrés, les histoires comme celle de Vanessa Springora. C'est maintenant que ça se joue.

J'ai adoré...

La Trajectoire des Confettis de Marie-Eve Thuriot : lecture assez improbable et pleine de défauts que je serai la première à reconnaître, mais voilà, qu'est-ce que vous voulez, ce bouquin, je m'y suis attachée, et j'y pense souvent. Très souvent. Ca part dans tous les sens, ça raconte toute une flopée de personnages qui essayent de tenter de plus ou moins arriver à s'aimer, c'est écrit tout simplement mais avec une véritable endurance, et c'est marquant. En tout cas, à mon sens.

Fille de Camille Laurens : une très belle analyse de la condition d'une fille hier et aujourd'hui, servie par une plume habile à tordre et retordre les mots pour en extraire les sens réels, cachés et imaginés, l'histoire d'une femme qui se vit tour à tour comme fille, non-garçon, gamine ou gros bébé, échec de son père et copie de sa soeur, petit corps vulnérable ou caution négligeable, dans tous les cas pas fils, et certainement pas à l'aise dans l'état qui est le sien. Très très très juste, nécessaire même. Un peu court et peut-être un peu trop "en surface émotionnellement", analytique disons, pour vraiment aller marquer le lecteur en plein cœur, mais d'une vraie pertinence.
Red, White and Royal Blue de Casey McQuiston : rien, mais alors rien à voir : le livre dont j'avais besoin pour aller mieux, me remettre à (plus ou moins) croire en ce monde, espérer des lendemains chantants, absorber un peu de diversité, rire aux éclats et me sentir bien. Recommandation d'un très très cher ami qui a honnêtement touché en plein dans le mille : rare sont les textes qui arrivent à me faire sincèrement et audiblement rire, et celui-ci en a fait partie. Très très chouette.

J'ai beaucoup aimé...

La Saga Maeght de Yoyo Maeght : ouvrage foisonnant à la première partie en un mot géniale, récit captivant de l'enfance unique en son genre de Yoyo Maeght, petite-fille d'un mécène de légende (Aimé Maeght) à la tête de toute une fondation artistique et d'une galerie plus que réputée, ami intime d'artistes tels que Braque, Dali ou Modigliani, figure tutélaire, papi adoré et homme déterminé

Apeirogon de Collum McCann : un très beau, très riche et très puissant roman, extrêmement fouillé, recherché, à la construction en un mot brillante et au propos plus que pertinent. Pourquoi ne s'agit-il pas d'un coup de coeur, me demanderez-vous ? Tout simplement parce que, dans mon cas tout à fait personnel, je n'ai pas eu le choc émotionnel que j'attendais vraiment (à tort ?), et si j'ai énormément apprécié l'intelligence et l'originalité de ce roman, j'ai aussi pu me sentir un peu extérieure à ce qu'il racontait. Pas un défaut en soi donc, juste une appréciation qui m'est particulière. C'était instructif, splendidement analytique et édifiant, mais peut-être pas bouleversant. 

J'ai bien aimé...

On fait parfois des vagues d'Arnaud Dudek : un joli roman dont je retiendrai surtout les toutes dernières pages, avec une belle envolée finale et l'affirmation d'un vrai style, d'un souffle, d'une énergie. Le roman en lui-même était tout à fait fluide, sincère et juste, mais peut-être pas aussi marquant que ce à quoi je m'étais attendue.
Lignes de faille de Nancy Huston : roman dont j'attendais beaucoup, et dont j'ai sincèrement apprécié les qualités (recherche de l'histoire, approfondissement réel des personnages, narrations saisissantes), mais dont le côté too much (trop d'obsessions malsaines du côté des enfants, trop de souffrance, trop de malheurs, trop de paris narratifs pas forcément relevés. Lecture que je reste contente d'avoir faite, mais qui ne me laissera pas non plus de souvenir impérissable.
Yoga d'Emmanuel Carrère : roman à propos duquel tout a globalement déjà été dit, je vous épargnerai donc une énième répétition de ce que d'autres personnes vous auront déjà éminemment raconté, et me contenterai de ces quelques mots : Yoga, c'est un peu déstabilisant au début, prometteur au milieu, et puis ça se mord très vite la queue, c'est très autocentré, ça assume de l'être, mais ça ne raconte pas forcément grand-chose de plus que l'histoire d'un homme très perdu, très malheureux et très seul. Le tout est sensible, travaillé, bien sûr, mais manque peut-être, à mes très humbles yeux, d'élévation.

Je suis mitigée...
La Société des Jeunes Pianistes de Ketil Bjornstad : un roman pour lequel j'avais beaucoup d'espoir (une histoire de jeunes adolescents proto-dépressifs qui font de la musique à très haut niveau et tentent de survivre au passage à l'âge adulte ? I'm in), avec de très très fortes vibrations "Murakami à la norvégienne", mais dont le côté un peu erratique, voire carrément malsain, m'a, je l'avoue, laissée de marbre.

J'ai été déçue...
La Chorale des Maîtres Bouchers de Louise Erdrich : un roman âpre, honnêtement assez difficile à suivre, dont l'intrigue aux multiples ramifications un peu décousues et inégalement développées n'a pas vraiment su retenir mon attention. Dommage !

Sur ce, excellent mois d'octobre à vous !

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