The Talented Mr Ripley de Patricia Highsmith - Chronique n°512

Titre : The Talented Mr Ripley
Autrice : Patricia Highsmith
Genre : Roman noir | Thriller
Editions : W. W. Norton Company
Lu en : anglais
Nombre de pages : 320
Résumé : In this first novel, we are introduced to suave, handsome Tom Ripley: a young striver, newly arrived in the heady world of Manhattan in the 1950s. A product of a broken home, branded a "sissy" by his dismissive Aunt Dottie, Ripley becomes enamored of the moneyed world of his new friend, Dickie Greenleaf. This fondness turns obsessive when Ripley is sent to Italy to bring back his libertine pal but grows enraged by Dickie's ambivalent feelings for Marge, a charming American dilettante. 

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Existe également en français

Titre : Monsieur Ripley
Monsieur Ripley, Jean Rosenthal, Patricia Highsmith | Livre de PocheEditions : Le Livre de Poche
Traduit par : Jean Rosenthal
Résumé : Ripley voulait tout, l'argent, le succès, la belle vie. Il était prêt à tuer pour obtenir tout ça…
Second roman de Patricia Highsmith, Monsieur Ripley est l'acte de naissance d'un des plus extraordinaires personnages de roman policier de tous les temps : Tom Ripley, immoraliste aussi séduisant que dangereux, cynique et d'une intelligence hors du commun. Chargé par un richissime Américain de lui ramener son fils parti en Italie, il va bientôt concevoir un projet diabolique : se substituer au fils prodigue, et vivre à sa place une vie dorée…

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Vous connaissez peut-être l'excellent film adapté de ce roman par Anthony Minghella, très originalement intitulé The Talented Mr Ripley/Le Talentueux Mr Ripley, avec un casting ébahissant composé entre autres de Matt Damon, Gwyneth Paltrow, Jude Law et Cate Blantchett. Si ce n'est pas le cas, je vous ordonne d'aller corriger ça, sur le champ.

Bref, toujours est-il que j'aimais ce film. Beaucoup. Alors en cette période de confinement, j'ai décidé de le regarder une fois de plus, parce qu'il faut croire que j'avais besoin de soleil italien (et surtout de stratégies psychopathiques) pour me distraire de la réalité du lockdown. J'avais vaguement capté qu'il s'agissait d'une adaptation d'un roman assez connu, mais je n'avais pas la moindre idée que la saga Ripley, créée par la fantastique Patricia Highsmith, comptait en réalité cinq opus. Cinq. Cinq romans. Cinq romans que je me suis immédiatement juré de dévorer aussi vite que possible. Cinq romans que je suis en désormais en bonne passe d'avoir englouti avant la fin du mois, puisque à l'heure où j'écris ces lignes, j'ai le nez plongé dans le troisième tome - enfin, il y était plongé il y a encore quelques instants -, et mon ressenti n'a fait que se confirmer au fil des pages.

Ces romans.
Sont.
Géniaux.
Encore davantage que ne l'était le film, où Ripley est fatalement un peu édulcoré par un Matt Damon tout souriant et blondinet.
Parce que comprenez-le bien.
Ripley est un grand malade.
Mais le genre de grand malade qui fait un sacré bon héros de roman.

L'objectif de Tom, c'est de réussir dans la vie, avec le moins d'efforts et le plus de bénéfices possibles. Sa méthode : ruser. Déraper. Et réparer les pots cassés par tous les moyens imaginables, y compris et surtout les plus efficaces et les plus désespérés.
Le roman impose son emprise à son lecteur dès les toutes premières pages, alors que Tom dialogue avec le père de Richard "Dickie" Greenleaf, une vague connaissance qu'il arrive à faire passer pour son ami. Le père dudit Dickie est bien embêté : voilà des mois que son fils mène une vie de pur farniente en Italie, et refuse de rentrer aux Etats-Unis retrouver sa richissime famille. Qu'à cela ne tienne : Tom se porte volontaire (trop aimable) pour partir en Italie et tenter lui-même de faire changer d'avis à Dickie - et le pire, c'est que ça marche. Tom s'envole ainsi (tous frais payés) pour le petit village où Dickie vit sa meilleure vie, et se rapproche petit à petit du jeune héritier. Mais bien entendu, ce qui s'annonçait comme une simple visite de courtoisie va vite s'avérer représenter une opportunité en or pour Tom, mettant en marche une terrible mécanique du désir et de l'envie dont nul n'est assuré de ressortir vivant. 

En deux mots, le récit est aussi génial que sadique. C'est parfaitement orchestré, rythmé par des retournements qu'on sent juste assez venir pour les savourer pleinement, tout en conservant la part de surprise nécessaire pour provoquer ce choc qu'on cherche forcément avec ce genre de roman noir. L'autrice parvient à merveille à jouer avec et à déjouer les attentes de son lecteur, tout en brossant de façon progressive et bien réfléchie le portrait de son glaçant personnage principal. Bien loin d'une ennuyeuse caricature de psychopathe, le personnage de Tom, s'il est horrifiant à tous les degrés, est surtout passionnant en ce qu'il reste humain, compréhensible, et même charmant. Tout au long roman, peu importe si on se l'admet ou pas, c'est lui qu'on veut voir triompher, c'est pour lui qu'on tremble, et c'est aux autres qu'on en veut de lui mettre des bâtons dans les roues. Le roman brouille ainsi de façon jouissive le manichéisme souvent propre aux thrillers, et parvient à créer un mélange de jubilation et de malaise plus que marquant. On est captivé, effaré, repoussé tout autant que fasciné : bref, on ne repose pas l'ouvrage, et on en ressort conquis. Fantastique !

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