Bilan du mois [Janvier 2020]

Bonjour à toutes et tous !

Janvier fut intense, janvier fut un nouveau mois d'hiver québécois plus que propice à la lecture, janvier fut aussi un mois d'écriture palpitant, bref, nous sommes dans une formidable époque littéraire. J'ai lu 16 romans ce mois-ci - laissez-moi vous dire que ce n'était pas prévu (vraiment pas du tout) et que je suis encore à la recherche d'explications scientifiques pour comprendre comment j'ai pu lire plus d'un roman tous les deux jours. Je ne sais pas. C'est tout. Voici donc mon bilan, plutôt positif, avec de nombreuses belles découvertes !

Le coup de cœur du mois...
Il est juste que les forts soient frappés de Thibault Bérard : enfin un profond coup de cœur après plusieurs mois un peu lisses sur le plan de mes lectures. Un roman poignant dont je savais qu'il allait me parler, mais pas à ce point, et dont plusieurs passages me hantent encore des semaines après l'avoir achevé. Quel roman, quel beau roman. 

J'ai adoré...
Le Coeur de l'Angleterre de Jonathan Coe : presque un coup de coeur à vrai dire, roman dont je ne m'attendais pas à ce qu'il me cueille à ce point, touchant, lucide, cynique sans être amer, purement britannique dans son humour, toujours à la limite de la provocation sans jamais y basculer, avec des personnages complètement au bord de la crise de nerfs auxquels on s'attache sans même avoir le temps d'y penser. Au risque de sortir la phrase la plus prévisible et banale qui puisse être sortie sur ce livre : un roman plus que pertinent, "lE RoMAn Du BReXiT pAr EXcELLeNCe". 
Miroir de nos peines de Pierre Lemaitre : le troisième volet d'une trilogie historique remarquablement régulière dans la satisfaction et l'émerveillement qu'elle suscite chez ses lecteurs, avec son nouvel ensemble de personnages tour à tour illuminés, désespérés, surdoués ou pathétiques, pour un résultat plus que réussi. 
Little Disasters de Randall Klein : livre choisi totalement par hasard, savoureux récit intimiste de mensonges et de manipulations entre deux couples new-yorkais, l'espace d'un an. C'est bien fait, bien construit, orchestré par des personnages délicieusement détestables, bref, on aime. 
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An Absolutely Remarkable Thing de Hank Green : un roman qui joue avec la SF de façon formidablement originale - comme il est si rare d'en trouver - à l'idée complètement loufoque et merveilleusement bien menée. Avec un synopsis comme celui-ci, on aurait très vite pu en faire trop ou au contraire se reposer sur ses lauriers et ne plus rien tenter pour surprendre le lecteur, mais au contraire, Hank Green arrive à merveille à exploiter toutes les possibilités de son intuition un peu folle, avec une protagoniste absolument hilarante, bourrée de défauts, infiniment attachante. Formidable !
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Bunny de Mona Awad : un ouvrage inqualifiable, peut-être même incritiquable, qui transporte le lecteur vers des horizons aussi inquiétants que cryptiques, avec une dose de cynisme et de cruauté tout simplement jouissive. Un objet littéraire en soi !

J'ai beaucoup aimé...
Sadie de Courtney Summers : j'en ai déjà beaucoup parlé, alors j'irai droit au but : un livre marquant, plus que mélancolique, assez réparateur, un format littéraire original à mi-chemin entre le reportage et la confession, en un mot, un pari relevé. 
Ça raconte Sarah de Pauline Delabray-Allard : un roman sublime dans sa première moitié, au point que je m'interrompais pour relever à peu près une phrase sur deux, virtuose dans sa façon de décrire la passion amoureuse, malheureusement un peu moins convaincant dans sa deuxième partie, avec une propension à tirer la détresse de la narratrice jusqu'à une dimension peu crédible, et un récit qui s'essouffle malgré sa brièveté. Très belle découverte néanmoins !
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Le Pont sans retour de Vincent-Paul Guichard : un roman plus qu'instructif sur les techniques de manipulation et de maintien de l'ordre au sein du régime nord-coréen, porté par une héroïne française kidnappée et endoctrinée bien malgré elle au fil d'années et d'années de discipline inlassable. Très pédagogique, très instructif, très réussi !
Le Coeur battant du monde de Sébastien Spitzer : second roman de Sébastien Spitzer après l'incroyable Ces rêves qu'on piétine, peut-être moins marquant que ce dernier - en même temps, comment faire plus impressionnant que le portrait de la déchéance d'une femme en parallèle de celle du régime totalitaire le plus traumatisant du XXème siècle ? On a ici un nouveau récit historique à la construction intéressante et aux personnages convaincants, soutenu par une recherche considérable sur le Londres du XIXème siècle et les problèmes endémiques posés par la pauvreté qui y sévit. On aime, on adore. 
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Je suis le carnet de Dora Maar de Brigitte Benkemoun : un ouvrage que l'on apprécie petit à petit, chapitre par chapitre, plongée extrêmement dense dans le Paris des surréalistes, des artistes du coeur du XXème siècle, des bohèmes plus ou moins oubliées, d'une époque plus ou moins inactuelle, grâce au hasard qui a mis l'autrice sur le chemin du carnet d'adresses de Dora Maar, l'une des membres de ce joyeux petit groupe. Une belle curiosité littéraire et artistique !

J'ai plutôt aimé...
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Battements de cœur de Cécile Pivot : un premier roman maîtrisé, qui manque d'originalité dans son intrigue comme dans son écriture cela dit, mais qui offre de vrais éclairs de tendresse et d'empathie envers ses personnages. 
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Me Voici de Johnathan Safran Foer : un énorme, joyeux bazar, dont certains passages (notamment tous les dialogues familiaux, qui recréent à merveille le chaos intime que se crée chaque famille) s'avèrent particulièrement brillants, et d'autres infiniment superflus et lassants. Un gros pavé qui aurait peut-être gagné à être allégé de la moitié de son contenu, intéressant pour son ambition narrative, mais qui pêche sans doute par excès d'intentions. 
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Les Guerres Intérieures de Valérie Tong Cuong : un roman dont la lecture sur le coup était plutôt fluide et appréciable, mais dont je pressens déjà que je commence à en oublier les détails et les aspérités. Une histoire de mensonges, d'intérêts coupables, peut-être un peu trop franco-française dans sa façon de faire de la moindre interaction entre ses personnages un sommet de tragédie grecque. 
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Le Ghetto Intérieur de Santiago H. Amigorena : un roman qui m'a laissée à la fois perplexe et étonnée, dont le puissant sentiment de nostalgie et d'impuissance qui sous-tend le texte m'a paru très réussi, mais dont le rendu final m'a malheureusement semblé peut-être un peu abscons.

Je suis mitigée...
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American War d'Omar El Akkad : grosse déception pour celui-ci, dont la plume sèche ne m'a pas fait grand effet, aux personnages assez caricaturaux et à l'histoire de plus en plus simpliste au fur et à mesure que le récit progresse. Dommage pour un roman d'anticipation au synopsis prometteur pourtant !

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