Bilan du mois [Novembre 2019]

Bonjour à tous et toutes !

Bon, j'avoue que je ne sais pas comment ça a pu se produire, mais j'ai beaucoup, beaucoup lu ce mois-ci. Plus précisément, 15 romans.
Promis, je vous assure que j'ai maintenu une vie sociale. Je ne suis pas actuellement enterrée sous ma couette dans une tentative désespérée de fuir l'hiver québécois. Même si en toute honnêteté, le fait qu'il fasse actuellement -9°C dehors me pousse certainement plus à ouvrir un bon vieux pavé qu'à chausser mes bottes fourrées pour aller arpenter les tréfonds de la ville.
Passons tout de suite aux détails de ce mois de lecture démesuré : 

J'ai adoré...
Dites aux loups que je suis chez moi de Carol Rifka Brunt : à moitié roman d'initiation, au quart nature writing, au quart drame familial, le tout dans le contexte des années sida, avec une héroïne tendre, marginale, à la vie intérieure foisonnante, un récit qui parle d'amitié, d'amour, de ce qu'il y a entre les deux, de la famille et de combien elle peut nous décevoir, du fait de grandir, et de ne pas le vouloir. Magnifique.
Le Prétendant d'Hanne-Vibeke Holst : la suite de L'Héritière, roman politique danois que j'avais lu et adoré le mois dernier. Ça n'a pas raté, j'ai autant adhéré que pour le premier : on retrouve les mêmes personnages que dans le premier opus, avec différentes thématiques et différents points de vue. L'autrice parvient à se renouveler, tout en maintenant cette atmosphère délicieusement tendue qui faisait le sel du premier tome.
A Woman is no man d'Etaf Rum : un premier roman fort, engagé, qui décrit le sort d'une mère et sa fille dans des familles conservatrices d'origine palestinienne vivant aux Etats-Unis. C'est intransigeant, parfois un peu trop explicite dans sa façon de délivrer son message, mais définitivement d'utilité publique. Ma chronique par ici
A ce point de folie de Franzobel : un terrible et épouvantable roman, qui décrit le naufrage de la Méduse en 1816 et le cauchemar qu'ont traversé ses passagers - et plus particulièrement ses rares rescapés. Terriblement ironique, sombre, tortueux, on adore. Ma chronique par ici
Une Joie Féroce de Sorj Chalandon : un ouvrage à deux facettes, la première sombre, triste, consacrée à la descente aux enfers d'une femme qui se découvre atteinte d'un cancer à 40 ans seulement, et l'autre à une forme de révolte, de rédemption, aussi déjantée que réjouissante. Ma chronique par ici !

J'ai beaucoup aimé...
Le Complexe d'Eden Bellwether de Benjamin Wood : j'avais besoin d'un roman qui se déroulait sur un campus universitaire (parce que je suis toujours obsédée par Le Maître des Illusions / The Secret History en VO, que j'ai lu cet été et qui me hante encore). J'ai trouvé mon bonheur avec celui-ci, une histoire de manipulations, d'amitiés toxiques, bref, un bon cocktail psychologique comme j'aime.
L'Insouciance de Karine Tuil : deuxième roman de l'autrice que je découvrais, complètement convaincue cette fois, un roman riche, violent, marquant, dont je vous parle plus en détail par ici. 

J'ai plutôt aimé...
L'Ecole des Soignantes de Martin Winckler : j'aime Martin Winckler de tout mon coeur, ce n'est un secret pour personne, et j'avais donc très hâte de découvrir son dernier roman. L'Ecole des Soignantes est très différent de ses ouvrages précédents - quand bien même il se place dans le même Martin Winckler Literary Universe que Les Trois Médecins ou Le Chœur des Femmes -, ce qui m'a à la fois plu et déconcerté. C'est le plus "idéologiquement explicite" et théorique des romans de Winckler, le plus original aussi, et le tout relève davantage de l'essai que d'un roman classique. Intéressant cependant !
Civilizations de Laurent Binet : un des romans-phare de la dernière rentrée littéraire, lauréat du Grand Prix du roman de l'Académie Française, au résumé plus qu'intrigant (Laurent Binet propose ici d'imaginer le sort de l'Europe du XVIème siècle si Christophe Colomb n'avait jamais posé le pied sur le continent américain, et si c'étaient au contraire des Incas qui avaient envahi l'Europe). Le tout se lit avec fluidité et plaisir, mais aurait à mon sens pu être moins froid, plus ambitieux, plus créatif. On est face à un traité d'histoire (bien qu'alternative) assez technique, pas vraiment à un roman prenant, vivant, marquant.
Le Chant des Revenants de Jesmyn Ward : de vraies fulgurances, mais un roman qui m'a malgré tout donné un peu de peine, avec une structure parfois un peu poussive et des personnages insaisissables. Le propos reste très fort, et les intentions de l'autrice marquantes.
My Sister, the Serial Killer d'Oyinkan Braithwaite : un roman qui a beaucoup fait parler de lui dans le monde littéraire anglophone, assez loufoque et grave à la fois. Une histoire semblable à aucune autre, une certaine expérience, un peu déséquilibrée parfois, mais une véritable découverte.

Bof bof...
Little America d'Henry Bromell : meh, meh, meh. Une longue, lente, poussive histoire, mélange d'historique et de roman noir, avec une enquête, des secrets, des mystères, de la politique, a priori tout ce que j'aime, mais dans l'exécution, c'est malheureusement très lourd et peu captivant.
Tropique de la Violence de Natasha Appanah : un roman dont j'avais entendu énormément de bien, et dont j'ai plus qu'apprécié le côté pédagogue et le portrait édifiant de la situation à Mayotte ces dernières années, mais dont la plume trop factuelle et le côté assez froid m'ont malheureusement plutôt déçue.
Whiskey de Bruce Holbert : un roman qui me faisait absolument, extrêmement envie (et pas seulement pour sa splendide couverture ou le fait qu'il était paru aux merveilleuses éditions Gallmeister), mais qui m'a hélas fait l'impression d'un soufflé mal retombé. Les personnages laissent de marbre, le récit est complètement décousu, le tout est exagérément sombre... Pas convaincue.

Sur ce, un excellent mois de décembre à vous !

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