[Littératurpitudes #5] Comment lire en anglais ?
Bonjour à tous,
Vous l'aurez remarqué - ou alors vous souffrez de sévères problèmes de vision et je ne puis que compatir -, je lis pratiquement systématiquement mes romans en version originale... Ce qui implique, comme je ne me limite pas à la littérature francophone, de lire notamment en anglais.
Ce qui est loin d'être aussi compliqué qu'il n'y paraît.
Avant tout, me direz-vous, quel besoin y a-t-il à lire en anglais ? La plupart des grands romans étrangers disposent de traductions françaises, qui plus est souvent de très bonne qualité grâce à tout un réseau de traducteurs professionnels.
On n'est bien sûr jamais à l'abri d'une aberration de traduction, mais certains ouvrages traduits peuvent aussi atteindre des sommets, comme la traduction que Jean-François Ménard a pu faire de Harry Potter, LA référence ultime.
Mais une traduction reste une réécriture, qui sera toujours - aussi peu que possible, mais toujours - imprégnée d'une petite part de subjectivité du traducteur. En se plongeant dans le texte original, il finira forcément par y injecter ses propres intuitions et son propre style - encore une fois, de manière infime, mais suffisamment dans quelques cas pour donner lieu à des raccourcis.
Lire en version originale, c'est revenir à la source.
On est certain du choix des mots, c'est un texte immuable là où la traduction est une réinterprétation, aussi qualitative soit-elle.
Et au-delà de cette dimension littéraire essentielle, lire en anglais est sans aucun doute le meilleur moyen d'améliorer votre niveau de langue, grammaire comme vocabulaire.
Mais n'a-t-on pas besoin de maîtriser l'anglais avant de se lancer dans une lecture en langue étrangère ?
Pas forcément. Et même loin de là.
Le problème que rencontrent beaucoup de courageux lecteurs ouvrant un ouvrage en langue étrangère est de vouloir tout comprendre.
Alors oui, je sais, super conseil de grande qualité, merci Capucine qui raconte que si l'on ne comprend rien à ce qu'on lit, ce n'est pas grave.
Evidemment, il faut comprendre le fond.
Et vous pouvez le comprendre.
La littérature contemporaine, par exemple, réinvestit beaucoup de vocabulaire que vous avez l'habitude d'entendre dans les séries ou la vie quotidienne, et vous serez bien moins déstabilisés que vous ne le croyez. Et si vraiment vous avez peur de passer à côté du prénom même des protagonistes, relire un ouvrage que vous avez déjà découvert en VF ou acheter des romans "bilingues" - même si le catalogue est quasiment limité aux classiques - est une bonne solution.
Mais encore une fois, le miracle du contexte va opérer. Une fois pris dans l'histoire, il ne faut pas s'arrêter à chaque mot de vocabulaire inconnu, sinon, vous allez être humainement incapable de vous investir à fond dans le roman. Ouvrir son dictionnaire toutes les dix secondes conduit systématiquement au suicide de la concentration. Laissez le mot inconnu passer, devinez plus ou moins ce qu'il induit grâce à ce qui suit et précède, et si vous voyez que ledit mot revient à deux, trois, quatre reprises, alors seulement notez-le. Si vous commencez à vouloir retenir 140 mots de vocabulaires par chapitre, votre cerveau va littéralement vouloir imploser.
Pas de pression.
Que du bonheur.
Et bien sûr, je ne vous cache pas que le tout premier roman en VO se lira lentement, et que ce ne sera pas le genre de lecture que vous pourrez faire après douze heures au bureau ou en cours. Mais cela en vaut la peine, parole de rat de bibliothèque.
Mais vous verrez que petit à petit, le dictionnaire s'ouvrira moins souvent, que vous progresserez de plus en plus vite au fil de chaque séance de lecture, que l'exercice sera moins ardu.
Ne commencez pas par un énorme classique indigeste style Dickens, par un essai extrêmement théorique ou même par un ouvrage de fantasy par exemple qui risquerait d'utiliser beaucoup de vocabulaire "soutenu", "médiéval" ou même inventé pour convenir à l'univers. Le meilleur moyen de vous décourager.Très bien, mais quel premier roman choisir, alors ? Eh bien, arrivera très bientôt un article dans lequel je vous élaborerai avec amour et conviction une petite liste de romans en anglais au niveau de langue abordable, par lesquels je vous conseille de commencer si vous êtes un néophyte de la VO.
C'est tout naturel.
Le problème que rencontrent beaucoup de courageux lecteurs ouvrant un ouvrage en langue étrangère est de vouloir tout comprendre.
Alors oui, je sais, super conseil de grande qualité, merci Capucine qui raconte que si l'on ne comprend rien à ce qu'on lit, ce n'est pas grave.
Evidemment, il faut comprendre le fond.
Et vous pouvez le comprendre.
La littérature contemporaine, par exemple, réinvestit beaucoup de vocabulaire que vous avez l'habitude d'entendre dans les séries ou la vie quotidienne, et vous serez bien moins déstabilisés que vous ne le croyez. Et si vraiment vous avez peur de passer à côté du prénom même des protagonistes, relire un ouvrage que vous avez déjà découvert en VF ou acheter des romans "bilingues" - même si le catalogue est quasiment limité aux classiques - est une bonne solution.
Mais encore une fois, le miracle du contexte va opérer. Une fois pris dans l'histoire, il ne faut pas s'arrêter à chaque mot de vocabulaire inconnu, sinon, vous allez être humainement incapable de vous investir à fond dans le roman. Ouvrir son dictionnaire toutes les dix secondes conduit systématiquement au suicide de la concentration. Laissez le mot inconnu passer, devinez plus ou moins ce qu'il induit grâce à ce qui suit et précède, et si vous voyez que ledit mot revient à deux, trois, quatre reprises, alors seulement notez-le. Si vous commencez à vouloir retenir 140 mots de vocabulaires par chapitre, votre cerveau va littéralement vouloir imploser.
Pas de pression.
Que du bonheur.
Et bien sûr, je ne vous cache pas que le tout premier roman en VO se lira lentement, et que ce ne sera pas le genre de lecture que vous pourrez faire après douze heures au bureau ou en cours. Mais cela en vaut la peine, parole de rat de bibliothèque.
Mais vous verrez que petit à petit, le dictionnaire s'ouvrira moins souvent, que vous progresserez de plus en plus vite au fil de chaque séance de lecture, que l'exercice sera moins ardu.
Ne commencez pas par un énorme classique indigeste style Dickens, par un essai extrêmement théorique ou même par un ouvrage de fantasy par exemple qui risquerait d'utiliser beaucoup de vocabulaire "soutenu", "médiéval" ou même inventé pour convenir à l'univers. Le meilleur moyen de vous décourager.Très bien, mais quel premier roman choisir, alors ? Eh bien, arrivera très bientôt un article dans lequel je vous élaborerai avec amour et conviction une petite liste de romans en anglais au niveau de langue abordable, par lesquels je vous conseille de commencer si vous êtes un néophyte de la VO.
C'est tout naturel.
Et avant de nous quitter, trois raisons infiniment prosaïques mais définitivement valables pour justifier une transition vers des ouvrages en VO :
1 - Lire en VO, c'est souvent se garantir de pouvoir découvrir le roman en question avant sa parution en France. Et croyez-moi, il n'y a rien de tel que de déjà connaître la fin d'une saga alors que tous vos joyeux petits camarades se morfondent.
Beaucoup de merveilles restent par ailleurs à ce jour sans traduction française et inaccessibles à tout un pan de la population alors qu'elles méritent tellement plus.
Ne les oublions pas.
Beaucoup de merveilles restent par ailleurs à ce jour sans traduction française et inaccessibles à tout un pan de la population alors qu'elles méritent tellement plus.
Ne les oublions pas.
2 - Les prix ! Contrairement aux livres français, les livres britanniques et américains ne sont pas soumis à un prix unique - ce qui peut par ailleurs constituer un problème pour les petites librairies indépendantes, qui ne peuvent pas se permettre de casser les prix comme les gros mastodontes que sont Amazon ou The Book Depository.
Mais en revanche, le lecteur français a de quoi y voir du positif... Un livre anglais en format "paperback", en gros un broché à la couverture souple, ne coûte qu'aux alentours de 10 euros, souvent moins, et une petite merveille en format "hardback", avec une couverture rigide, une reliure, une jaquette, verra son prix varier entre 15 et 19 euros pour un roman YA, et 25 pour un roman de littérature générale.
Et puis, je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais certaines tendances actuelles aux Etats-Unis et au Royaume-Uni ont tendance à dévaluer leurs monnaies en ce moment.
Ce qui signifie une capacité accrue à acheter ces livres depuis notre Hexagone
Ce qui signifie, beaucoup de joie.
QUE DEMANDE LE PEUPLE ?
3 - Les couvertures.
Les couvertures.
Je ne sais pas ce qu'on a raté en France, mais admirez plutôt.
Je ne sais pas ce qu'en dirait notre ami Kant, mais je suis d'avis que tout ceci est objectivement BEAU.
Je vous enjoins donc de tout coeur à vous plonger dans la lecture en anglais, qui vous apportera enrichissement de la langue, vocabulaire, satisfaction personnelle, joie, bonheur, santé, six abdominaux saillants et huit beaux enfants bien portants.
Ou presque.
A très bientôt donc !
Je suis tout à fait d'accord avec toi ! La lecture en VO n'a rien à voir avec une traduction. C'est tout un monde de pensée qui passe à travers une langue et que l'on perd après une traduction. Et c'est encore plus frappant quand on commence à découvrir les affres de cet exercice ( comme moi en ce moment haha). Comme est ardue la tache de faire une bonne traduction tout en sachant que l'on ne pourra pas tout retranscrire ( le rythme, les effets de rupture, de poésie etc etc ) Et c'est frustrant !
RépondreSupprimerEt en effet, c'est en lisant que l'on s'améliore. Il ne faut se mettre aucun frein !
Euh... 8 enfants ça fait beaucoup non ?
Haha, on sent que tu es plongée dans les joies de l'hypokhâgne, pas vrai ? Oui, la traduction est extrêmement frustrante parfois mais reste un exercice passionnant, et je ne doute pas qu'avec une culture littéraire comme la tienne, tu sauras nous faire de magnifiques petites versions de concours !
SupprimerOh, tu sais, quand on aime on ne compte pas x)
Il faudrait vraiment que je me remette un peu plus sérieusement à la lecture en anglais...
RépondreSupprimerL'important n'est pas de voir ça comme une contrainte mais comme un plaisir, sinon tu auras vraiment du mal à t'y remettre "sérieusement" comme tu dis ;)
SupprimerTellement d'accord avec ces conseils :D avant je commençais toujours mes lectures en fouillant dans le dico dès que je rencontrais un mot inconnu avant de me laisser porter par ma lecture x) en ce moment je lis Jane Eyre pour les cours. J'avais aimé la version abrégée lue il y a longtemps, mais là c'est tout simple, j'adore ! ^^ Et puis ces couvertures anglaises sont tellement belles <3 j'ai hâte de voir cette liste de livres VO :)
RépondreSupprimerOn est d'accord, c'est juste invivable de devoir s'arrêter toutes les quinze secondes, on finirait par se dégoûter même des meilleurs livres :') Je l'ai aussi dans une magnifique édition en plus, promis je m'y attelle incessamment sous peu :p
SupprimerIl faudrait que je me mette à la VO aussi. J'ai déjà trois petits livres en anglais dans ma PAL et j'ai vraiment envie de les découvrir. Mais j'ai peur de passer mon temps à chercher les mots dans le dico. Mais comme tu le dis, ça risque de couper ma lecture.
RépondreSupprimerL'important est d'y aller à ton rythme, de ne pas forcément te "braquer" si tu ne comprends pas tout, et de ne pas te dire que c'est fini à jamais et que tu n'y arriveras pas si ça ne marche pas avec UN livre. C'est en forgeant qu'on devient forgeron (instant proverbe)
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