Bilan du mois [Juin 2020]

Bonjour à tous et toutes !

Juin a été plutôt productif, puisque j'y compte onze lectures, aux thèmes très très éloignés les uns des autres (vive l'éclectisme, à jamais), parmi lesquelles de très très belles découvertes. Juin a aussi été mon premier mois de retour en France, un fantastique mois d'écriture, de rencontres, et aussi et surtout, le mois où je me suis décidée à donner à ce blog un relooking amplement mérité. Je ne sais pas vous, mais moi, je me sens mieux sans ce design qui datait tout de même de l'époque où j'avais 13 ans. Oui, ça remonte.
Bref, voici donc la liste des fameux onze romans : 

Les coups de cœur du mois...
Les Histoires de Franz de Martin Winckler : formidable, formidable roman de Martin Winckler qui m'a absolument foudroyée. Il s'agit du deuxième opus de la fantastique série que l'auteur avait débutée avec Abraham et fils (dont je parle juste en-dessous), et vraiment, je n'ai pas les mots. C'est la meilleure chose, ce bouquin. Drôle, intime, touchant, politique, bienveillant, émouvant, érudit. Le peuple ne demande pas davantage. Le peuple est heureux.
Mon père, ma mère, mes tremblements de terre de Julien Dufresne-Lamy : il est encore un peu tôt pour vous en parler plus en détail, puisque ce roman formidabuleux ne sort que fin août (le même jour qu'un autre roman dont il faudrait aussi que je vous parle étant donné qu'il se pourrait que je l'aie écrit, tiens donc), mais promis, vous aurez droit à une chronique en bonne et due forme. D'ici là, je me contenterai de dire la simple et belle vérité, à savoir que ce livre est une pépite.

J'ai adoré...
Abraham et fils de Martin Winckler : fantastique roman "intimiste" si l'on peut dire, centré sur la relation entre un père (Abraham) et son fils (Franz), dont l'histoire familiale a été marqué par un drame terrible ayant provoqué la mort précoce de la mère de Franz. Le texte est doux, tranquille, infiniment délicat avec des personnages pour lesquels on sent très bien que l'auteur a un amour débordant. C'est fantastique, jetez-vous dessus, et enchaînez direct avec Les Histoires de Franz, merci bien.
A Tree Grows in Brooklyn de Betty Smith : petit bijou de la littérature américaine du XXème siècle, ce roman est apparemment un classique outre-Atlantique, que l'on donne souvent à lire aux élèves de collège et lycée. Après l'avoir lu, je peux confirmer : A Tree Grows in Brooklyn (Le Lys de Brooklyn en français) vaut indubitablement le détour, pour le parcours à la fois intense et décrit de façon si tranquille et réaliste de son héroïne, et pour la façon infiniment détaillée et infiniment attachante dont il décrit l'évolution d'une famille dans les quartiers les plus pauvres de Brooklyn, portée par l'amour que ses membres se vouent, et par les ambitions de son aînée.

J'ai beaucoup aimé...
Le Sari Vert d'Ananda Devi : un roman profondément dérangeant que j'ai à vrai dire parfois eu du mal à poursuivre, et qu'il m'a fallu fracturer en de multiples séances de lectures pour pouvoir achever. Si je le classe aussi "haut" dans mon ordre d'appréciation, c'est pour sa radicalité justement, la précision et la richesse de sa plume, l'ambition de son texte au-delà de sa violence, quand bien même j'ai clairement été mal à l'aise tout au long de ma lecture. Un texte clairement à ne pas placer entre toutes les mains, les potentiels sujets pénibles y sont foule : violence conjugale et domestique, abus émotionnel, addiction, violence verbale, bref, c'est chargé. 
Le discours - Fabrice Caro - Folio
Le Discours de Fabrice Caro : un court roman fulgurant, merveilleusement écrit, piquant, cynique sans non plus verser dans une négativité plombante, au cours duquel on suit le monologue intérieur dépité et blasé d'un narrateur forcé à trouver une idée de discours à prononcer le soir du mariage de sa soeur, alors que lui-même vient de se faire larguer par sa copine et a à peu près envie de tout sauf de se conformer au cérémonial étriqué d'une famille à laquelle il ne s'identifie en rien. Le texte est vif, entraînant, et m'a même fait rire à plusieurs reprises (pour de vrai hein, pas juste le petit soufflement amusé qu'on lâche parfois face à certaines blagues modérément bien vues). Joli moment de lecture ! 
Everything I Never Told You de Celeste Ng : premier roman de l'autrice, mais deuxième que je lis d'elle, et qui me confirme ce dont je me doutais déjà : j'aime la façon qu'elle a de raconter la famille, ce ton doux-amer, cet art d'évoquer les secrets sans jamais les dévoiler avant le terme de ses récits, cette justesse de ton lorsqu'il s'agit d'évoquer des tensions de classe, de genre ou liées au racisme.
La Nuit d'Elie Wiesel : l'un des témoignages les plus connus et reconnus au sujet de la Shoah, récit direct des souvenirs d'un survivant d'Auschwitz devenu par la suite écrivain, philosophe et professeur d'université. Le récit est court, brutal, inoubliable, d'une précision, d'une cruauté et d'une nécessité infinies. On me l'avait recommandé à de nombreuses reprises, et je ne peux que vous enjoindre à faire de même.
Les Fabuleuses Aventures de Nellie Bly
Les Fabuleuses Aventures de Nellie Bly de Nellie Bly : un récit plus qu'instructif et réjouissant, qui compile les reportages les plus célèbres de la reporter de légende Nellie Bly, figure pionnière du journalisme et plus particulièrement du journalisme d'investigation (dont on parle beaucoup notamment depuis son portrait dans la fantastique BD Culottées de Pénélope Bagieu). Nellie Bly s'est fait connaître à seulement vingt-trois ans (23) (je répète, 23) pour son reportage célébrissime dans un asile psychiatrique, pour les besoins duquel elle s'est elle-même fait passer pour une "aliénée" et interner dans l'un de ces établissements aux conditions d'internement sordide et aux protocoles de soin inexistants. Le livre offre aussi le récit de son tour du moinde en soixante-douze jours, parcours réjouissant et même assez instructif, qui offre un panorama intéressant de l'état du monde vers la fin du XIXème siècle et du regard qu'il portait sur une toute jeune femme comme pouvait l'être Bly.

J'ai été déçue...
Le Pays des Autres de Leïla Slimani : roman historique, saga familiale, premier opus d'une trilogie, ambitieux certes, mais justement peut-être trop, tant le texte final paraît convenu et classique face à la promesse qui était faite en quatrième de couverture... Qu'on s'entende, ça reste qualitatif, c'est bien construit, bien fait, on sent l'expérience d'écriture derrière, mais le tout manque de souffle, d'audace, d'incarnation, pour constituer un roman véritablement marquant, et trop d'intrigues secondaires se perdent ou s'essoufflent en route pour qu'on soit tout à fait satisfait de cette lecture.

Une relecture en demi-teinte...
L'Année Solitaire d'Alice Oseman : j'avais lu ce roman il y a quatre ans déjà (gloups), et il m'avait fait forte impression à l'époque. Je l'ai donc repris par curiosité sur les étagères de ma bibliothèque d'adolescente, pour le relire le temps d'une matinée, et bon, disons que j'ai grandi depuis, et que ce qui me paraissait être un texte très recherché et pertinent me semble beaucoup plus caricatural aujourd'hui. L'autrice, qui n'avait que dix-huit ans à l'époque où elle a terminé ce texte, fait certes preuve d'une grande maturité dans sa façon de construire le récit et même d'une plume intéressante, mais l'histoire en elle-même, les personnages (les personnages mon dieu) et le propos en général manquent cruellement de recul, et constituent davantage une parodie de récit déprimé/déprimant d'adolescence désabusée à l'avenir condamné, franchement assez peu convaincant.

Sur ce, excellent mois de juillet à vous !

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